Des prédateurs mystérieux sévirent en France au cours des siècles passés. Certes, la Bête du Gévaudan est la plus connue, mais tout au long de son histoire, notre pays a abrité nombre d'animaux féroces qui n'ont pas hésité à s'attaquer aux enfants gardant les troupeaux et aux adultes à l'occasion...
La bête de Cinglais
Aussi appelée « bête d'Évreux » ou « bête de Caen », désigne un animal anthropophage à l'origine d'une série d'attaques sur des humains. La première attaque fut mentionnée en 1632.
La forêt de Cinglais est située à une quinzaine de kilomètres au sud de Caen. Les attaques sont connues grâce à des articles de journaux. Ainsi, la gazette du 19 mars 1632 rapporte :
« De Caen en Normandie. Le 10 dudit mois de mars de l’an 1632. Il s’est découvert depuis un mois dans la forêt de Cinglais entre ci et Falaise une bête sauvage qui a déjà dévoré quinze personnes. Ceux qui ont évité sa dent rapportent que la forme de cet animal farouche est pareille à celle d’un grand dogue d’une telle vitesse qu’il est impossible de l’atteindre à la course, et d’une agilité si extraordinaire qu’ils lui ont vu sauter notre rivière à quelques endroits. Aucun l’appellent Therende. Les riverains et gardes de la forêt lui ont bien tiré de loin plusieurs coups d’arquebuse, mais sans l’avoir blessé. Car ils n’osent en approcher, même se découvrir jusqu’à ce qu’ils soient attroupés comme ils vont faire au son du tocsin ; à quoi les curés des paroisses voisines ont invité tous les paroissiens à ce jourd’hui, auquel on fait étant qu’il s’assemble trois mille personnes pour lui faire la huée. »
Une gigantesque battue fut organisée en juin 1633, entre 5 000 et 6 000 hommes y auraient participé. Une bête identifiée par plusieurs témoignages fut tuée et les attaques cessèrent.
La Gazette du 17 juin rapporte la mort de la créature en ces termes :
« Cette bête furieuse dont je vous écrivais l’année passée ayant depuis deux mois dévoré plus de trente personnes dans cette forêt passait pour un sortilège dans la croyance d’un chacun. Mais le Comte de la Suze ayant par ordre de notre lieutenant général assemblé le 21 de ce mois 5 000 à 6 000 personnes, l’a si bien poursuivi qu’au bout de trois jours elle fut tuée d’un coup d’arquebuse. Il se trouve que c’est une sorte de loup plus long, plus roux, la queue plus pointue et la croupe plus large que l’ordinaire. »
La bête de Caen aurait fait une trentaine de victimes en un peu plus d’un an.
La Bête de Benais
Bête de Benais ou bête de Touraine désigne un ou plusieurs animaux anthropophages à l'origine d'une série d'attaques sur des humains. La première attaque fut mentionnée à la fin de l'hiver 1693.
À la fin de l'hiver 1693, un loup attaqua un enfant de neuf ans à Saint-Patrice. La victime fut retrouvée en partie dévorée et cinq jours plus tard, une mère retrouva les restes de sa fille Antoinette, âgée de sept ans, dans les landes de Continvoir. En mars 1694, un loup fit deux nouvelles victimes, adultes cette fois, à Benais. En avril, la bête tua une fille de dix-sept ans aux Essards, puis une femme de Restigné le lendemain et une bergère de Saint-Patrice onze jours plus tard. Quatre nouvelles victimes allongèrent la liste en mai, et huit en juin dont une femme et son enfant à Bourgueil.
Monsieur de Miromesnil, intendant de la Touraine, organisa des battues. D'après son rapport de juin 1693, en moins de six mois « les loups ont tué autour de Benais plus de soixante-dix personnes et en ont blessé autant ». Malgré les recherches, deux bergères furent égorgées en juin à Continvoir, un père fut tué en défendant sa fille à Ingrandes, et trois autres victimes furent mentionnées en juillet à Benais et aux Essards. Fin août, une femme de soixante-quatre ans fut dévorée à Benais, ainsi qu'une fillette et deux autres femmes à Bourgueil.
Jusqu'à l'hiver suivant, les attaques cessèrent mais la population était terrorisée. Deux loups furent tués pendant des battues mais un garçon de dix-huit ans fut tué aux Essards en décembre, deux autres jeunes gens à Saint-Michel-sur-Loire en janvier 1694. Une dernière victime fut signalée début août, puis plus rien.
Le 9 juin 1751, un jeune berger fut attaqué puis dévoré à Nouzilly, au nord de Tours. « La bête » n'avait pas été vue, mais les loups furent désignés coupables. Le corps du jeune garçon était horriblement mutilé selon la description qu'en fit le curé Danican chargé d'inhumer le corps :
« L'enfant de la Charité qui demeuroit chés votre métayer des Fosses Rouges y gardant les 6 bestiaux, fut dévoré et mis en pièce à huit heures du matin par les loups carnassiers et je l'enterrai à midy un quart. On apporta à l'église les tristes restes de son cadavre enveloppés dans Ie tablier d'une femme et couvert de ses habits plein de sang. La Beste lui avoit coupé la Trache artère et une partie de la joue droite, lui avoit mangé une cuisse séparée du corps jusqu'au genouil ; en sorte que l'os de cette cuisse tout rongé par la partie supérieure étoit dégarnie de chair comme s'il l’avait raclé exprès par un couteau. La Bête pour dévorer les intestins lui avoit mangé tout le ventre et rongé les côtes. De tous ses viscères il ne restoit qu’environ un pied de boiau et une médiocre partie de la rate. »
Cet animal redoutable ressemblait en tous points, y compris comportemental à la « Bête du Gévaudan ». Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance de la relation qu’en faisait, alors le curé de Varennes : « Ces bestes estoient presque de la façon d’un loup, sinon qu’elles avoient la gueules plus grande. Lorsqu’elles voyoient des personnes, elles le flatoient à la manière d’un chien, puis lui sautoient à la gorge… ».
La Bête de l'Auxerrois
Bête de l'Auxerrois ou bête de Trucy désigne un ou plusieurs animaux mangeurs d'hommes à l'origine d'une série d'attaques sur des humains. La première attaque fut mentionnée en novembre 1731.
Un jeune garçon de 12 ans travaillait près du bois de Trucy-sur-Yonne, au sud d’Auxerre, avec sa mère. Elle parvint à l’arracher à un animal carnivore qui tentait de le dévorer, mais il mourut dans ses bras sur le chemin du retour. Les attaques se succédèrent ensuite, à tel point que le roi Louis XV offrit une prime de 200 livres à celui qui tuerait la « bête ». Des battues furent organisées et de nombreux loups sont tués, des carcasses de moutons empoisonnés sont abandonnées dans les champs mais les attaques se succédèrent, avec de jeunes enfants pour principales victimes. La bête s'aventura dans le village de Mailly-la-Ville pour emporter un jeune enfant qui jouait devant chez lui. En essayant de l’arracher de sa gueule sa nourrice n'aurait retrouvé qu’un des pieds (ou l'un des bras selon d’autres témoignages) de l’enfant dans sa main.
En cinq mois, le curé du Val-de-Mercy comptabilisa quatorze morts dues à une attaque d'animal carnivore. À la fin de l'année 1734, on arrivait à vingt-huit victimes répertoriées. La bête de l’Auxerrois aurait tué au total 9 enfants, 9 femmes et 10 hommes selon les actes de décès répertoriés.
En 1734, deux loups sont abattus au cours d'une chasse et les agressions cessent peu de temps après. Aucune indication ne permet de savoir si l'un de ces deux animaux était l'auteur des attaques qui durèrent trois ans. Contrairement à la bête du Gévaudan, elles concernent autant d'hommes que de femmes.
En 1817, une autre Bête sévit pendant quelques mois dans la forêt des environs de Trucy, au même endroit que quatre-vingts ans plus tôt. Un enfant est dévoré près de Charentenay, un autre à Fouronnes et de nombreuses personnes sont blessées. Des moutons empoisonnés furent placés près des bois et la Bête disparut sans laisser de traces.
Rumeurs et origines
Les rumeurs parlent de lycanthrope, de plusieurs loups et même de démons. Les témoignages font état d'un grand loup ou d'un tigre. Les descriptions indiquent un animal « façon d'un loup » mais aucune ne précise qu'il s'agissait d'un loup ordinaire. Selon les experts, il s’agirait d’une bête sauvage sans maître mais probablement pas d’un loup.
Sur la seconde série d'attaques, les rumeurs parlent d'une hyène mais un témoignage décrit un chien mâtin avec les oreilles droites.
La Bête de Primarette
La bête de Primarette est un loup anthropophage (ou plusieurs loups) à l'origine d'une série d'attaques sur des humains dans les environs de Primarette, en Dauphiné. La première attaque est mentionnée au printemps 1747. Jusqu'à la fin de l'hiver 1752, sept victimes sont recensées dans les registres paroissiaux.
En 1747, le curé de Primarette rapporte la mort violente d'un enfant de sa paroisse :
« L'an 1747 et le 23e may, mardi de pentecôte pendant l'office de vêpres, un loup carnacier prit l'enfant de François Malarin à la porte de sa maison, en présence de sa mère qui ne put jamais le lui arracher des dents : plusieurs personnes revenant de vêpres ayant entendu le récit de ce malheur coururent dans les bois, sur les traces du sang que répandoit l'enfant, dont ils trouvèrent quelques membres dispersés, comme la tête, les bras, une cuisse et un pied, qui furent ensevelis le même jour dans le cimetière de Primarette à nuit tombante, en présence de Michel et Gabriel Perrochat, père et fils, Antoine Jeury, Jean Bassat, Claude Berthier, et plusieurs autres personnes qui avoient accouru à ce triste spectacle. Ledit enfant âgé de sept ans et un mois environ et est fils légitime de François Malarin, dit l'Espagnoux, et Fleurice Petit. Ainsi est, en foi de quoy j'ay signé, non les susd témoins pour ne savoir écrire. Favre Curé. »
Cette bête féroce fait par la suite plusieurs victimes et le curé rapporte la même année l'émotion que suscite cette affaire :
Extrait des registres paroissiaux de Primarette fin 1747
« Dans le registre de 1747, le curé écrit : « Il y a eu cette année grande quantité de glands, les loups carnassiers ont dévoré trois enfants dans Primarette, on croit plus probablement que c'était des loups-cerviers, et le vulgaire soutient que ce sont des loups-garoux, à qui les curés donnent permissions de faire semblables chasses pour fournir aux verreries, rien n'est capable de leur ôter cette sotte crédulité. »
La dernière victime sur le territoire de la paroisse est retrouvée en 1752. Le curé Favre a dessiné des têtes de loup en marge de ces actes de décès.
La Bête du Lyonnais
La bête du Lyonnais est un animal anthropophage à l'origine d'une série d'attaques sur des humains. La première attaque est mentionnée à l'été 1754. Jusqu'à la fin de l'année 1756, une ou plusieurs bêtes féroces sévissent, dans un premier temps entre Vienne (Isère) et Meyzieu, puis dans les environs de Savigny (Rhône). Ce ou ces animaux auraient fait environ une trentaine de victimes, principalement des enfants ou adolescents.
Début août 1754, le notaire royal de Vienne est appelé par les notables de la paroisse de Luzinay pour procéder à l'identification du corps d'un jeune garçon qui a été retrouvé dévoré. Nous savons qu'au moins deux autres attaques se produisirent dans le même secteur, aux environs de Villette-de-Vienne et de Régnié-Durette, avant que le Marquis de Marcieu, gouverneur de la province, n'ordonne une grande battue.
Cette chasse générale se déroule le 10 septembre 1754 et dure deux jours. Elle mobilise environ 2 000 chasseurs de 26 villages différents et a pour limite les paroisses de Vénissieux, Saint-Priest, Mions, Toussieu, Chandieu, Meyzieu, Luzinay, Seyssuel, Simandres et Saint-Symphorien-d'Ozon. Cette chasse n'a pour seule conséquence que d'étaler le territoire de prédation de la Bête et sa trace se perd dans le dernier trimestre 1754.
Aux alentours de Savigny
La bête ressurgit en février 1755, dans la paroisse de Sarcey, où elle fait une nouvelle victime. Jusqu'au mois d'octobre, on compte en moyenne un décès par mois imputé à la bête féroce, principalement autour de Savigny et de L'Arbresle. Puis, elle ne fait plus parler d'elle pendant l'hiver 1755-1756.
Le mardi de Pâques 1756 (le 20 avril), une fillette est retrouvée dévorée à Saint-Julien-sur-Bibost. Lors de cette attaque, c'est la première fois que des témoins rapportent la description de deux bêtes.
Au début de l'année 1757, le curé Brietton de la paroisse de Sourcieux-les-Mines (à l'époque Sourcieux sur l'Arbresle) consigne 25 personnes attaquées au total dans le secteur Bessenay, Bibost, Saint-Julien-sur-Bibost, Montrottier, Ancy, Saint-Romain-de-Popey, L’Arbresle et Chevinay depuis le carême 1755. Selon lui [les bêtes] en blessèrent un plus grand nombre qu'ils n'en tuèrent et qu'ils auraient également dévorés s'ils n'avaient été secourus.
Disparition mystérieuse
Le 24 novembre 1756, la dernière victime est dévorée et mangée à moitié à Montrottier. Le curé de la paroisse est le premier à émettre l'hypothèse que la bête peut être une hyène. Cette hypothèse, mise en doute par les recherches contemporaines, a également été émise à l'époque dans le cadre de l'affaire de la Bête du Gévaudan.
À la suite de cette attaque, il n'est plus fait mention dans les registres paroissiaux de personnes dévorées par des bêtes féroces dans les environs de Lyon.
Description
Les actes de sépultures à notre disposition à ce jour ne donnent que peu d'informations sur la ou les bêtes ayant causé des ravages dans le Lyonnais entre 1754 et 1756. Le curé de Saint-Julien-sur-Bibost est le seul à nous laisser un témoignage :
Extrait des registres paroissiaux de Saint-Julien-sur-Bibost
« Ce vingt avril mil sept cent cinquante six, j’ai inhumé dans le cimetière de St-Julien Marguerite Pinet, âgée d’environ onze ans, munie du sacrement de pénitence d’extreme onction ; fille de Jean-François Pinet, habitant de cette paroisse de Jeanne, laquelle enfant était au maître chez Subilon de l’hameau de Bernay paroisse de Besenay, faisant paître des bêtes. Deux animaux féroces, l’un gros comme un bon bidet, tirant sur le rouge, ressemblant à un loup à l’exception qu’il avait une queue courte, et l’autre gros comme un bon mâtin, mais blanc sous le ventre une grande queue longue ; la saisirent au gosier lui endommagèrent tellement le cou que cette enfant en est morte et enterrée en présence de Mathieu Crois de Jean Guainon, témoins requis, de la paroisse, qui ont déclaré ne savoir signer, de ce requis sommé. Ces animaux ont dévoré quantité de bergers dans le voisinage cela dure depuis deux ans. Barbier curé »
Selon Jean-Marc Moriceau, les descriptions d'époque mentionnent un loup, avec les jambes moins hautes, le poil plus rude et la peau mouchetée de plusieurs couleurs. Nous avons vu avec le témoignage du curé de Montrottier que la rumeur d'une hyène avait pris de l'ampleur à l'époque, il convient cependant de se rappeler que l'espèce Canis lupus n'a été définie que vers 1758 par le naturaliste suédois Carl von Linné.
La thèse du loup-garou était également très en vogue à cette époque et a été consignée par le Marquis de Marcieu, dans son ordonnance sur la chasse générale du 10 septembre 1754 :
« Messieurs les officiers et les bas officiers des fusiliers et ceux des traqueurs feront tous leurs efforts pour détruire dans leur peuple le fanatisme des loups-béroux et leur prouver que ce ne sont que des loups ordinaires qui malheureusement sont accoutumés à manger de la chair humaine et quand même il se trouverait dans les bois, ce que je ne crois pas, des loups-cerviers, des ours et tigres, il faut leur prouver que ce ne sont que des bêtes qu’un coup de fusil tue et qu’il est nécessaire de détruire. »
La Bête de Sarlat
La Bête de Sarlat est un animal anthropophage à l'origine d'une série d'attaques contre des humains dans la région du Périgord, en France.
Au printemps 1766, une dizaine d'attaques mortelles étaient déjà recensées dans les villages avoisinant Sarlat. Une véritable panique gagna alors les habitants de cette région, qui se mirent à parler d’une bête gigantesque assoiffée de sang humain et d'un loup-garou. La bête fit une quinzaine de victimes avant que les paysans et les seigneurs n’organisent une battue avec plus de cent fusils le 12 juin 1766, au cours de laquelle l’animal fut débusqué et tué. Il s'agissait d'un loup enragé mais le peuple ne suivit pas cette explication et continua à parler d'un loup-garou.
La Bête de Veyreau
La Bête de Veyreau est un animal anthropophage qui sévit non loin du Gévaudan, à partir de 1799, dans le « Causse Noir », région d'élevage pastoral qui fait partie du département de l’Aveyron. Ces attaques remplirent les habitants d’une grande frayeur et la bête aurait fait « des dizaines de victimes », à tel point que les habitants de la région pensèrent que la bête du Gévaudan était venue jusque chez eux.
La Bête des Cévennes
La bête des Cévennes, bête du Vivarais ou bête du Gard est un animal anthropophage, ou plusieurs animaux, qui ont attaqué les humains dans les départements de l’Ardèche, du Gard et de la Lozère, de 1809 à 1817.
Le Journal du Gard du 21 octobre 1809 fait état des attaques de cet animal en ces termes : « Depuis quelques jours, un animal féroce a répandu la terreur dans le premier arrondissement du Gard. Comme autrefois la Bête du Gévaudan, la Bête des Cévennes exerce aujourd'hui ses ravages dans cette contrée ».
Le bilan s'établit à trente-neuf tués au moins, dont une majorité d'enfants entre 3 et 14 ans, mais la liste peut être plus longue car les actes des registres ne mentionnent pas toujours les causes du décès. Un enfant du nom de François Marcy, 7 ans, fut dévoré le 8 septembre 1812 à côté de sa maison. Augustin Colomb, 8 ans, fut porté disparu le 9 janvier 1813 et on ne retrouva que sa tête. Au mois d’octobre, la petite Rose Henriette Dumas, 7 ans, fut dévorée dans les bois.
Les attaques se succédèrent de 1809 à 1817 et l'audace de cette bête rappelle la célèbre affaire du Gévaudan : elle aurait attaqué une femme de 34 ans qui sortait tout juste de l’église et des villageois directement dans leurs demeures, la rumeur veut qu'elle ait même dévoré les mains d’un enfant qui se trouvait dans son berceau. Malgré de nombreuses battues et des pièges posés par les villageois, la bête resta insaisissable. Ses attaques cessèrent définitivement en 1817 mais l'affaire ne fut jamais résolue. On ne sait pas si cet animal a été tué lors d'une battue, s'il a changé de localisation ou s'il s'agit de crimes maquillés par une intervention humaine.
Nature de la bête
Selon l'historien Jean-Paul Chabrol, il s'agissait de quelques meutes de loups carnassiers, peut-être une dizaine d'animaux. Pour Jean-Marc Moriceau, la « bête des Cévennes » recouvrait plusieurs couples de loups.
Le mont Lozère semble être le point central de l'affaire et a déjà connu par le passé des affaires similaires : au XVIIe, des attaques de loups furent signalées dans la région de Saint-Julien-du-Tournel. Les premières attaques de la bête des Cévennes eurent lieu dans la région de Langogne aux confins du Vivarais.
Description
Les descriptions qui en furent faites varient beaucoup, certaines parlant d'un loup immense de la taille d’un âne avec une crinière et un pelage brun ou roux, d’autres d'une créature noire ou encore d'un loup de la taille d’un veau avec un pelage gris et rouge. Dans la plupart des descriptions, les témoins s'accordent pour parler d’un gros ventre de couleur blanche qui traînait presque au sol, de grandes oreilles, d'un long museau et d'une queue bien fournie.
La Bête de Chaingy
La bête de Chaingy est une bête imaginaire qui puise probablement ses origines dans les attaques, réelles ou supposées, de loups au XIXe siècle.
Elle tire son nom de la commune du département français du Loiret, Chaingy.
La bête de Chaingy serait un animal anthropophage à l'origine d'une attaque le 6 décembre 1814 sur des femmes et des enfants qui ramassaient du bois mort dans la forêt.
Il s'agissait vraisemblablement d'une louve qui fit deux morts et huit blessés. Alexandre-Daniel de Talleyrand-Périgord, préfet à l'époque, ordonna une battue. L’animal aurait été tué vers Cercottes.
Des fables et des complaintes furent ensuite composées sur la bête de Chaingy.
En 1868, le dernier loup de la région fut tué à Chaingy par un braconnier, Blaise Basset. La dépouille de l’animal est aujourd'hui exposée au musée des sciences naturelles d’Orléans.
La Bête de la Gargaille
Gravure de la bête réalisée en 1821
La bête de la Gargaille est une bête féroce qui sévit dans la région d'Alièze, Dompierre et Marnézia, dans le département du Jura, au début du XIXe siècle.
La première mention connue de la bête de la Gargaille figure dans un bulletin de la société d'émulation du Jura, en 1818.
La rumeur rapporte que le 9 juin 1819, la bête « mordit plusieurs personnes et emporta la moitié de la figure à un berger qui mendie aujourd'hui son pain ». Cette affaire fait beaucoup parler d'elle à l'époque, à une échelle essentiellement régionale, au contraire de la bête du Gévaudan.
Le lynx boréal étant un félin particulièrement méconnu jusqu'au milieu du XXe siècle, cette ignorance transparaît dans les témoignages : la bête de la Gargaille est désignée tantôt comme un « loup furieux » ou une « louve qui, d'après Buffon, paraît être de l'espèce des loups-cerviers ». Il s'agissait probablement d'un lynx femelle.
Dès la fin du XIXe siècle, l'affaire de la bête de la Gargaille est jugée « burlesque » par Frère Ogérien. Selon Patrice Raydelet, les exactions de la bête de la Gargaille ont été volontairement exagérées par le préfet Louis-Enguerrand de Coucy dans son rapport au ministre de la police Élie Decazes, dans le but d'obtenir plus d'argent pour indemniser les victimes et tuer la bête.
La Bête du Cézallier
Bête du Cézallier désigne plusieurs animaux carnivores non-anthropophages à l'origine d'une série d'attaques sur les troupeaux. La première attaque est mentionnée en 1946.
De 1946 à 1951, des animaux carnassiers s'attaquent aux troupeaux domestiques du massif du Cézallier, du Sancy-Chastreix et de la Haute-Loire. En quatre ans, ils déciment le cheptel bovin et ovin de cette région du cœur de l'Auvergne. Les soupçons s'arrêtent d'abord sur une lionne échappée, mais les déprédations sont le fait des derniers loups d'Auvergne et de chiens errants. En dépit de la multiplicité d'animaux, l'expression de « Bête du Cézallier », au singulier, est passée à la postérité.
Dans le contexte de pénurie de viande et du rationnement alimentaire d'après-guerre, les évènements survenus au sein d'une France encore largement agro-pastorale prennent une ampleur nationale. Si les animaux carnassiers n'ont pas fait de victime humaine, leur mémoire est demeurée vivace parmi les populations locales. La perception des évènements chez les ruraux a été étudiée sous l'angle de l'anthropologie par l'École des hautes études en sciences sociales, en 1983.
L'abattage d'un loup à Grandrieu (Lozère) en 1951 met un terme à l'affaire de la Bête du Cézallier. Cependant, en 1947, on trouva également une lionne échappée d'une ménagerie à Saint-Germain-du-Teil (Lozère).
La Bête des Vosges
La bête des Vosges est un animal mystérieux qui sévit entre 1977 et 1978 dans le massif des Vosges (France) en s’attaquant au bétail. Sa médiatisation est devenue un véritable fait de société.
Un prédateur insaisissable
C'est plus d'une centaine de moutons, quelques vaches, un taureau, et un poulain, qui sont retrouvés égorgés entre Châtel-sur-Moselle, Rambervillers et La Bresse de mars 1977 à janvier 1978. Malgré de nombreuses battues, l'animal reste introuvable. La psychose s'installe dans les villages, et la machine médiatique s'emballe.
Trois photographies ont été prises, montrant une sorte de gros canidé5. On parle d'un chien errant, d'un loup, d'un dingo échappé d'un zoo. Mais on évoque bientôt la piste d'un chien dressé par un éleveur de la région pour se venger de vieilles rancunes, ou par sadisme. Certains habitants pensent que la Bête est lâchée de nuit dans les champs, puis récupérée au matin, avec un véhicule.
La suspicion se porte également sur un dénommé Manfred Reinartz, industriel allemand et propriétaire du château d'Hadigny-les-Verrières. Certains racontent qu'il aurait été officier pendant la Seconde Guerre mondiale, et qu'il aurait dressé des molosses à tuer. Le nouvel Observateur écrira : « L’Allemand du grand domaine, dont le manoir est plein de trophées d’éléphants, de grizzlis, de buffles massacrés aux quatre coins du monde, monte chaque nuit la garde, avec son fusil à lunette, en haut des miradors qu’il a dressés dans la forêt »; et ira jusqu'à comparer les clôtures à celles d'Auschwitz. Reinartz est victime d'un véritable lynchage public et médiatique. L'affaire va jusqu'au tribunal.
Puis la Bête disparaît mystérieusement comme elle est apparue. À ce jour, son identité zoologique reste inconnue.
Le retour de la Bête
Quelques années plus tard, en 1994, une louve est affublée du sobriquet de « Bête des Vosges ». Elle sévit pendant plusieurs mois, attaque des troupeaux, avant que sa dépouille ne soit retrouvée le 19 mai 1995.
En 2011, après 17 ans d'absence, une nouvelle « Bête » attaquerait à nouveau des troupeaux de moutons dans les montagnes des Vosges : dans le village de Ventron, 40 moutons sont retrouvés morts en moins d'un mois.
Le nom « La Bête des Vosges » a été repris pour baptiser une bière ambrée artisanale.
La Bête de Noth
La bête de Noth est un animal carnivore à l'origine d'une série d'attaques sur des troupeaux à partir de novembre 1982, dans le département de la Creuse. Entre autres, le 10 novembre 1982, la bête de Noth tua un taurillon et une génisse de 400 kg chacun au lieu-dit Maison-neuve, le 19 novembre, deux brebis à Auzillac, une brebis à Maupas le 3 décembre, et une génisse à Grand-bourg le 9. Ce ne sont pas les attaques sur des bêtes domestiques qui ont marqué les esprits, mais l'état dans lequel ont été retrouvés les cadavres : horriblement déchiquetés. Les rumeurs se sont mises à circuler, parlant d'un lion ou d'un puma, tandis que d'autres identifient l'animal comme un gros chien. Lors d'une battue organisée dans la forêt de Noth en novembre 1982, un chasseur a été confronté à l'animal sans pouvoir l'identifier. La rumeur est rapidement retombée et l'affaire n'a jamais été élucidée.
La bête du Gévaudan
Très connue et médiatisée, la Bête du Gévaudan est un animal à l'origine d'une série d'attaques contre des humains survenues entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767. Ces attaques, le plus souvent mortelles, entre 88 à 124 recensées selon les sources, eurent lieu surtout dans le nord de l'ancien pays du Gévaudan, région d'élevage.
(source : wikipedia)
Aussi appelée « bête d'Évreux » ou « bête de Caen », désigne un animal anthropophage à l'origine d'une série d'attaques sur des humains. La première attaque fut mentionnée en 1632.
La forêt de Cinglais est située à une quinzaine de kilomètres au sud de Caen. Les attaques sont connues grâce à des articles de journaux. Ainsi, la gazette du 19 mars 1632 rapporte :
« De Caen en Normandie. Le 10 dudit mois de mars de l’an 1632. Il s’est découvert depuis un mois dans la forêt de Cinglais entre ci et Falaise une bête sauvage qui a déjà dévoré quinze personnes. Ceux qui ont évité sa dent rapportent que la forme de cet animal farouche est pareille à celle d’un grand dogue d’une telle vitesse qu’il est impossible de l’atteindre à la course, et d’une agilité si extraordinaire qu’ils lui ont vu sauter notre rivière à quelques endroits. Aucun l’appellent Therende. Les riverains et gardes de la forêt lui ont bien tiré de loin plusieurs coups d’arquebuse, mais sans l’avoir blessé. Car ils n’osent en approcher, même se découvrir jusqu’à ce qu’ils soient attroupés comme ils vont faire au son du tocsin ; à quoi les curés des paroisses voisines ont invité tous les paroissiens à ce jourd’hui, auquel on fait étant qu’il s’assemble trois mille personnes pour lui faire la huée. »
Une gigantesque battue fut organisée en juin 1633, entre 5 000 et 6 000 hommes y auraient participé. Une bête identifiée par plusieurs témoignages fut tuée et les attaques cessèrent.
La Gazette du 17 juin rapporte la mort de la créature en ces termes :
« Cette bête furieuse dont je vous écrivais l’année passée ayant depuis deux mois dévoré plus de trente personnes dans cette forêt passait pour un sortilège dans la croyance d’un chacun. Mais le Comte de la Suze ayant par ordre de notre lieutenant général assemblé le 21 de ce mois 5 000 à 6 000 personnes, l’a si bien poursuivi qu’au bout de trois jours elle fut tuée d’un coup d’arquebuse. Il se trouve que c’est une sorte de loup plus long, plus roux, la queue plus pointue et la croupe plus large que l’ordinaire. »
La bête de Caen aurait fait une trentaine de victimes en un peu plus d’un an.
La Bête de Benais
Bête de Benais ou bête de Touraine désigne un ou plusieurs animaux anthropophages à l'origine d'une série d'attaques sur des humains. La première attaque fut mentionnée à la fin de l'hiver 1693.
À la fin de l'hiver 1693, un loup attaqua un enfant de neuf ans à Saint-Patrice. La victime fut retrouvée en partie dévorée et cinq jours plus tard, une mère retrouva les restes de sa fille Antoinette, âgée de sept ans, dans les landes de Continvoir. En mars 1694, un loup fit deux nouvelles victimes, adultes cette fois, à Benais. En avril, la bête tua une fille de dix-sept ans aux Essards, puis une femme de Restigné le lendemain et une bergère de Saint-Patrice onze jours plus tard. Quatre nouvelles victimes allongèrent la liste en mai, et huit en juin dont une femme et son enfant à Bourgueil.
Monsieur de Miromesnil, intendant de la Touraine, organisa des battues. D'après son rapport de juin 1693, en moins de six mois « les loups ont tué autour de Benais plus de soixante-dix personnes et en ont blessé autant ». Malgré les recherches, deux bergères furent égorgées en juin à Continvoir, un père fut tué en défendant sa fille à Ingrandes, et trois autres victimes furent mentionnées en juillet à Benais et aux Essards. Fin août, une femme de soixante-quatre ans fut dévorée à Benais, ainsi qu'une fillette et deux autres femmes à Bourgueil.
Jusqu'à l'hiver suivant, les attaques cessèrent mais la population était terrorisée. Deux loups furent tués pendant des battues mais un garçon de dix-huit ans fut tué aux Essards en décembre, deux autres jeunes gens à Saint-Michel-sur-Loire en janvier 1694. Une dernière victime fut signalée début août, puis plus rien.
Le 9 juin 1751, un jeune berger fut attaqué puis dévoré à Nouzilly, au nord de Tours. « La bête » n'avait pas été vue, mais les loups furent désignés coupables. Le corps du jeune garçon était horriblement mutilé selon la description qu'en fit le curé Danican chargé d'inhumer le corps :
« L'enfant de la Charité qui demeuroit chés votre métayer des Fosses Rouges y gardant les 6 bestiaux, fut dévoré et mis en pièce à huit heures du matin par les loups carnassiers et je l'enterrai à midy un quart. On apporta à l'église les tristes restes de son cadavre enveloppés dans Ie tablier d'une femme et couvert de ses habits plein de sang. La Beste lui avoit coupé la Trache artère et une partie de la joue droite, lui avoit mangé une cuisse séparée du corps jusqu'au genouil ; en sorte que l'os de cette cuisse tout rongé par la partie supérieure étoit dégarnie de chair comme s'il l’avait raclé exprès par un couteau. La Bête pour dévorer les intestins lui avoit mangé tout le ventre et rongé les côtes. De tous ses viscères il ne restoit qu’environ un pied de boiau et une médiocre partie de la rate. »
Cet animal redoutable ressemblait en tous points, y compris comportemental à la « Bête du Gévaudan ». Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance de la relation qu’en faisait, alors le curé de Varennes : « Ces bestes estoient presque de la façon d’un loup, sinon qu’elles avoient la gueules plus grande. Lorsqu’elles voyoient des personnes, elles le flatoient à la manière d’un chien, puis lui sautoient à la gorge… ».
La Bête de l'Auxerrois
Bête de l'Auxerrois ou bête de Trucy désigne un ou plusieurs animaux mangeurs d'hommes à l'origine d'une série d'attaques sur des humains. La première attaque fut mentionnée en novembre 1731.
Un jeune garçon de 12 ans travaillait près du bois de Trucy-sur-Yonne, au sud d’Auxerre, avec sa mère. Elle parvint à l’arracher à un animal carnivore qui tentait de le dévorer, mais il mourut dans ses bras sur le chemin du retour. Les attaques se succédèrent ensuite, à tel point que le roi Louis XV offrit une prime de 200 livres à celui qui tuerait la « bête ». Des battues furent organisées et de nombreux loups sont tués, des carcasses de moutons empoisonnés sont abandonnées dans les champs mais les attaques se succédèrent, avec de jeunes enfants pour principales victimes. La bête s'aventura dans le village de Mailly-la-Ville pour emporter un jeune enfant qui jouait devant chez lui. En essayant de l’arracher de sa gueule sa nourrice n'aurait retrouvé qu’un des pieds (ou l'un des bras selon d’autres témoignages) de l’enfant dans sa main.
En cinq mois, le curé du Val-de-Mercy comptabilisa quatorze morts dues à une attaque d'animal carnivore. À la fin de l'année 1734, on arrivait à vingt-huit victimes répertoriées. La bête de l’Auxerrois aurait tué au total 9 enfants, 9 femmes et 10 hommes selon les actes de décès répertoriés.
En 1734, deux loups sont abattus au cours d'une chasse et les agressions cessent peu de temps après. Aucune indication ne permet de savoir si l'un de ces deux animaux était l'auteur des attaques qui durèrent trois ans. Contrairement à la bête du Gévaudan, elles concernent autant d'hommes que de femmes.
En 1817, une autre Bête sévit pendant quelques mois dans la forêt des environs de Trucy, au même endroit que quatre-vingts ans plus tôt. Un enfant est dévoré près de Charentenay, un autre à Fouronnes et de nombreuses personnes sont blessées. Des moutons empoisonnés furent placés près des bois et la Bête disparut sans laisser de traces.
Rumeurs et origines
Les rumeurs parlent de lycanthrope, de plusieurs loups et même de démons. Les témoignages font état d'un grand loup ou d'un tigre. Les descriptions indiquent un animal « façon d'un loup » mais aucune ne précise qu'il s'agissait d'un loup ordinaire. Selon les experts, il s’agirait d’une bête sauvage sans maître mais probablement pas d’un loup.
Sur la seconde série d'attaques, les rumeurs parlent d'une hyène mais un témoignage décrit un chien mâtin avec les oreilles droites.
La Bête de Primarette
La bête de Primarette est un loup anthropophage (ou plusieurs loups) à l'origine d'une série d'attaques sur des humains dans les environs de Primarette, en Dauphiné. La première attaque est mentionnée au printemps 1747. Jusqu'à la fin de l'hiver 1752, sept victimes sont recensées dans les registres paroissiaux.
En 1747, le curé de Primarette rapporte la mort violente d'un enfant de sa paroisse :
« L'an 1747 et le 23e may, mardi de pentecôte pendant l'office de vêpres, un loup carnacier prit l'enfant de François Malarin à la porte de sa maison, en présence de sa mère qui ne put jamais le lui arracher des dents : plusieurs personnes revenant de vêpres ayant entendu le récit de ce malheur coururent dans les bois, sur les traces du sang que répandoit l'enfant, dont ils trouvèrent quelques membres dispersés, comme la tête, les bras, une cuisse et un pied, qui furent ensevelis le même jour dans le cimetière de Primarette à nuit tombante, en présence de Michel et Gabriel Perrochat, père et fils, Antoine Jeury, Jean Bassat, Claude Berthier, et plusieurs autres personnes qui avoient accouru à ce triste spectacle. Ledit enfant âgé de sept ans et un mois environ et est fils légitime de François Malarin, dit l'Espagnoux, et Fleurice Petit. Ainsi est, en foi de quoy j'ay signé, non les susd témoins pour ne savoir écrire. Favre Curé. »
Cette bête féroce fait par la suite plusieurs victimes et le curé rapporte la même année l'émotion que suscite cette affaire :
Extrait des registres paroissiaux de Primarette fin 1747
« Dans le registre de 1747, le curé écrit : « Il y a eu cette année grande quantité de glands, les loups carnassiers ont dévoré trois enfants dans Primarette, on croit plus probablement que c'était des loups-cerviers, et le vulgaire soutient que ce sont des loups-garoux, à qui les curés donnent permissions de faire semblables chasses pour fournir aux verreries, rien n'est capable de leur ôter cette sotte crédulité. »
La dernière victime sur le territoire de la paroisse est retrouvée en 1752. Le curé Favre a dessiné des têtes de loup en marge de ces actes de décès.
La Bête du Lyonnais
La bête du Lyonnais est un animal anthropophage à l'origine d'une série d'attaques sur des humains. La première attaque est mentionnée à l'été 1754. Jusqu'à la fin de l'année 1756, une ou plusieurs bêtes féroces sévissent, dans un premier temps entre Vienne (Isère) et Meyzieu, puis dans les environs de Savigny (Rhône). Ce ou ces animaux auraient fait environ une trentaine de victimes, principalement des enfants ou adolescents.
Début août 1754, le notaire royal de Vienne est appelé par les notables de la paroisse de Luzinay pour procéder à l'identification du corps d'un jeune garçon qui a été retrouvé dévoré. Nous savons qu'au moins deux autres attaques se produisirent dans le même secteur, aux environs de Villette-de-Vienne et de Régnié-Durette, avant que le Marquis de Marcieu, gouverneur de la province, n'ordonne une grande battue.
Cette chasse générale se déroule le 10 septembre 1754 et dure deux jours. Elle mobilise environ 2 000 chasseurs de 26 villages différents et a pour limite les paroisses de Vénissieux, Saint-Priest, Mions, Toussieu, Chandieu, Meyzieu, Luzinay, Seyssuel, Simandres et Saint-Symphorien-d'Ozon. Cette chasse n'a pour seule conséquence que d'étaler le territoire de prédation de la Bête et sa trace se perd dans le dernier trimestre 1754.
Aux alentours de Savigny
La bête ressurgit en février 1755, dans la paroisse de Sarcey, où elle fait une nouvelle victime. Jusqu'au mois d'octobre, on compte en moyenne un décès par mois imputé à la bête féroce, principalement autour de Savigny et de L'Arbresle. Puis, elle ne fait plus parler d'elle pendant l'hiver 1755-1756.
Le mardi de Pâques 1756 (le 20 avril), une fillette est retrouvée dévorée à Saint-Julien-sur-Bibost. Lors de cette attaque, c'est la première fois que des témoins rapportent la description de deux bêtes.
Au début de l'année 1757, le curé Brietton de la paroisse de Sourcieux-les-Mines (à l'époque Sourcieux sur l'Arbresle) consigne 25 personnes attaquées au total dans le secteur Bessenay, Bibost, Saint-Julien-sur-Bibost, Montrottier, Ancy, Saint-Romain-de-Popey, L’Arbresle et Chevinay depuis le carême 1755. Selon lui [les bêtes] en blessèrent un plus grand nombre qu'ils n'en tuèrent et qu'ils auraient également dévorés s'ils n'avaient été secourus.
Disparition mystérieuse
Le 24 novembre 1756, la dernière victime est dévorée et mangée à moitié à Montrottier. Le curé de la paroisse est le premier à émettre l'hypothèse que la bête peut être une hyène. Cette hypothèse, mise en doute par les recherches contemporaines, a également été émise à l'époque dans le cadre de l'affaire de la Bête du Gévaudan.
À la suite de cette attaque, il n'est plus fait mention dans les registres paroissiaux de personnes dévorées par des bêtes féroces dans les environs de Lyon.
Description
Les actes de sépultures à notre disposition à ce jour ne donnent que peu d'informations sur la ou les bêtes ayant causé des ravages dans le Lyonnais entre 1754 et 1756. Le curé de Saint-Julien-sur-Bibost est le seul à nous laisser un témoignage :
Extrait des registres paroissiaux de Saint-Julien-sur-Bibost
« Ce vingt avril mil sept cent cinquante six, j’ai inhumé dans le cimetière de St-Julien Marguerite Pinet, âgée d’environ onze ans, munie du sacrement de pénitence d’extreme onction ; fille de Jean-François Pinet, habitant de cette paroisse de Jeanne, laquelle enfant était au maître chez Subilon de l’hameau de Bernay paroisse de Besenay, faisant paître des bêtes. Deux animaux féroces, l’un gros comme un bon bidet, tirant sur le rouge, ressemblant à un loup à l’exception qu’il avait une queue courte, et l’autre gros comme un bon mâtin, mais blanc sous le ventre une grande queue longue ; la saisirent au gosier lui endommagèrent tellement le cou que cette enfant en est morte et enterrée en présence de Mathieu Crois de Jean Guainon, témoins requis, de la paroisse, qui ont déclaré ne savoir signer, de ce requis sommé. Ces animaux ont dévoré quantité de bergers dans le voisinage cela dure depuis deux ans. Barbier curé »
Selon Jean-Marc Moriceau, les descriptions d'époque mentionnent un loup, avec les jambes moins hautes, le poil plus rude et la peau mouchetée de plusieurs couleurs. Nous avons vu avec le témoignage du curé de Montrottier que la rumeur d'une hyène avait pris de l'ampleur à l'époque, il convient cependant de se rappeler que l'espèce Canis lupus n'a été définie que vers 1758 par le naturaliste suédois Carl von Linné.
La thèse du loup-garou était également très en vogue à cette époque et a été consignée par le Marquis de Marcieu, dans son ordonnance sur la chasse générale du 10 septembre 1754 :
« Messieurs les officiers et les bas officiers des fusiliers et ceux des traqueurs feront tous leurs efforts pour détruire dans leur peuple le fanatisme des loups-béroux et leur prouver que ce ne sont que des loups ordinaires qui malheureusement sont accoutumés à manger de la chair humaine et quand même il se trouverait dans les bois, ce que je ne crois pas, des loups-cerviers, des ours et tigres, il faut leur prouver que ce ne sont que des bêtes qu’un coup de fusil tue et qu’il est nécessaire de détruire. »
La Bête de Sarlat
La Bête de Sarlat est un animal anthropophage à l'origine d'une série d'attaques contre des humains dans la région du Périgord, en France.
Au printemps 1766, une dizaine d'attaques mortelles étaient déjà recensées dans les villages avoisinant Sarlat. Une véritable panique gagna alors les habitants de cette région, qui se mirent à parler d’une bête gigantesque assoiffée de sang humain et d'un loup-garou. La bête fit une quinzaine de victimes avant que les paysans et les seigneurs n’organisent une battue avec plus de cent fusils le 12 juin 1766, au cours de laquelle l’animal fut débusqué et tué. Il s'agissait d'un loup enragé mais le peuple ne suivit pas cette explication et continua à parler d'un loup-garou.
La Bête de Veyreau
La Bête de Veyreau est un animal anthropophage qui sévit non loin du Gévaudan, à partir de 1799, dans le « Causse Noir », région d'élevage pastoral qui fait partie du département de l’Aveyron. Ces attaques remplirent les habitants d’une grande frayeur et la bête aurait fait « des dizaines de victimes », à tel point que les habitants de la région pensèrent que la bête du Gévaudan était venue jusque chez eux.
La Bête des Cévennes
La bête des Cévennes, bête du Vivarais ou bête du Gard est un animal anthropophage, ou plusieurs animaux, qui ont attaqué les humains dans les départements de l’Ardèche, du Gard et de la Lozère, de 1809 à 1817.
Le Journal du Gard du 21 octobre 1809 fait état des attaques de cet animal en ces termes : « Depuis quelques jours, un animal féroce a répandu la terreur dans le premier arrondissement du Gard. Comme autrefois la Bête du Gévaudan, la Bête des Cévennes exerce aujourd'hui ses ravages dans cette contrée ».
Le bilan s'établit à trente-neuf tués au moins, dont une majorité d'enfants entre 3 et 14 ans, mais la liste peut être plus longue car les actes des registres ne mentionnent pas toujours les causes du décès. Un enfant du nom de François Marcy, 7 ans, fut dévoré le 8 septembre 1812 à côté de sa maison. Augustin Colomb, 8 ans, fut porté disparu le 9 janvier 1813 et on ne retrouva que sa tête. Au mois d’octobre, la petite Rose Henriette Dumas, 7 ans, fut dévorée dans les bois.
Les attaques se succédèrent de 1809 à 1817 et l'audace de cette bête rappelle la célèbre affaire du Gévaudan : elle aurait attaqué une femme de 34 ans qui sortait tout juste de l’église et des villageois directement dans leurs demeures, la rumeur veut qu'elle ait même dévoré les mains d’un enfant qui se trouvait dans son berceau. Malgré de nombreuses battues et des pièges posés par les villageois, la bête resta insaisissable. Ses attaques cessèrent définitivement en 1817 mais l'affaire ne fut jamais résolue. On ne sait pas si cet animal a été tué lors d'une battue, s'il a changé de localisation ou s'il s'agit de crimes maquillés par une intervention humaine.
Nature de la bête
Selon l'historien Jean-Paul Chabrol, il s'agissait de quelques meutes de loups carnassiers, peut-être une dizaine d'animaux. Pour Jean-Marc Moriceau, la « bête des Cévennes » recouvrait plusieurs couples de loups.
Le mont Lozère semble être le point central de l'affaire et a déjà connu par le passé des affaires similaires : au XVIIe, des attaques de loups furent signalées dans la région de Saint-Julien-du-Tournel. Les premières attaques de la bête des Cévennes eurent lieu dans la région de Langogne aux confins du Vivarais.
Description
Les descriptions qui en furent faites varient beaucoup, certaines parlant d'un loup immense de la taille d’un âne avec une crinière et un pelage brun ou roux, d’autres d'une créature noire ou encore d'un loup de la taille d’un veau avec un pelage gris et rouge. Dans la plupart des descriptions, les témoins s'accordent pour parler d’un gros ventre de couleur blanche qui traînait presque au sol, de grandes oreilles, d'un long museau et d'une queue bien fournie.
La Bête de Chaingy
La bête de Chaingy est une bête imaginaire qui puise probablement ses origines dans les attaques, réelles ou supposées, de loups au XIXe siècle.
Elle tire son nom de la commune du département français du Loiret, Chaingy.
La bête de Chaingy serait un animal anthropophage à l'origine d'une attaque le 6 décembre 1814 sur des femmes et des enfants qui ramassaient du bois mort dans la forêt.
Il s'agissait vraisemblablement d'une louve qui fit deux morts et huit blessés. Alexandre-Daniel de Talleyrand-Périgord, préfet à l'époque, ordonna une battue. L’animal aurait été tué vers Cercottes.
Des fables et des complaintes furent ensuite composées sur la bête de Chaingy.
En 1868, le dernier loup de la région fut tué à Chaingy par un braconnier, Blaise Basset. La dépouille de l’animal est aujourd'hui exposée au musée des sciences naturelles d’Orléans.
La Bête de la Gargaille
Gravure de la bête réalisée en 1821
La bête de la Gargaille est une bête féroce qui sévit dans la région d'Alièze, Dompierre et Marnézia, dans le département du Jura, au début du XIXe siècle.
La première mention connue de la bête de la Gargaille figure dans un bulletin de la société d'émulation du Jura, en 1818.
La rumeur rapporte que le 9 juin 1819, la bête « mordit plusieurs personnes et emporta la moitié de la figure à un berger qui mendie aujourd'hui son pain ». Cette affaire fait beaucoup parler d'elle à l'époque, à une échelle essentiellement régionale, au contraire de la bête du Gévaudan.
Le lynx boréal étant un félin particulièrement méconnu jusqu'au milieu du XXe siècle, cette ignorance transparaît dans les témoignages : la bête de la Gargaille est désignée tantôt comme un « loup furieux » ou une « louve qui, d'après Buffon, paraît être de l'espèce des loups-cerviers ». Il s'agissait probablement d'un lynx femelle.
Dès la fin du XIXe siècle, l'affaire de la bête de la Gargaille est jugée « burlesque » par Frère Ogérien. Selon Patrice Raydelet, les exactions de la bête de la Gargaille ont été volontairement exagérées par le préfet Louis-Enguerrand de Coucy dans son rapport au ministre de la police Élie Decazes, dans le but d'obtenir plus d'argent pour indemniser les victimes et tuer la bête.
La Bête du Cézallier
Bête du Cézallier désigne plusieurs animaux carnivores non-anthropophages à l'origine d'une série d'attaques sur les troupeaux. La première attaque est mentionnée en 1946.
De 1946 à 1951, des animaux carnassiers s'attaquent aux troupeaux domestiques du massif du Cézallier, du Sancy-Chastreix et de la Haute-Loire. En quatre ans, ils déciment le cheptel bovin et ovin de cette région du cœur de l'Auvergne. Les soupçons s'arrêtent d'abord sur une lionne échappée, mais les déprédations sont le fait des derniers loups d'Auvergne et de chiens errants. En dépit de la multiplicité d'animaux, l'expression de « Bête du Cézallier », au singulier, est passée à la postérité.
Dans le contexte de pénurie de viande et du rationnement alimentaire d'après-guerre, les évènements survenus au sein d'une France encore largement agro-pastorale prennent une ampleur nationale. Si les animaux carnassiers n'ont pas fait de victime humaine, leur mémoire est demeurée vivace parmi les populations locales. La perception des évènements chez les ruraux a été étudiée sous l'angle de l'anthropologie par l'École des hautes études en sciences sociales, en 1983.
L'abattage d'un loup à Grandrieu (Lozère) en 1951 met un terme à l'affaire de la Bête du Cézallier. Cependant, en 1947, on trouva également une lionne échappée d'une ménagerie à Saint-Germain-du-Teil (Lozère).
La Bête des Vosges
La bête des Vosges est un animal mystérieux qui sévit entre 1977 et 1978 dans le massif des Vosges (France) en s’attaquant au bétail. Sa médiatisation est devenue un véritable fait de société.
Un prédateur insaisissable
C'est plus d'une centaine de moutons, quelques vaches, un taureau, et un poulain, qui sont retrouvés égorgés entre Châtel-sur-Moselle, Rambervillers et La Bresse de mars 1977 à janvier 1978. Malgré de nombreuses battues, l'animal reste introuvable. La psychose s'installe dans les villages, et la machine médiatique s'emballe.
Trois photographies ont été prises, montrant une sorte de gros canidé5. On parle d'un chien errant, d'un loup, d'un dingo échappé d'un zoo. Mais on évoque bientôt la piste d'un chien dressé par un éleveur de la région pour se venger de vieilles rancunes, ou par sadisme. Certains habitants pensent que la Bête est lâchée de nuit dans les champs, puis récupérée au matin, avec un véhicule.
La suspicion se porte également sur un dénommé Manfred Reinartz, industriel allemand et propriétaire du château d'Hadigny-les-Verrières. Certains racontent qu'il aurait été officier pendant la Seconde Guerre mondiale, et qu'il aurait dressé des molosses à tuer. Le nouvel Observateur écrira : « L’Allemand du grand domaine, dont le manoir est plein de trophées d’éléphants, de grizzlis, de buffles massacrés aux quatre coins du monde, monte chaque nuit la garde, avec son fusil à lunette, en haut des miradors qu’il a dressés dans la forêt »; et ira jusqu'à comparer les clôtures à celles d'Auschwitz. Reinartz est victime d'un véritable lynchage public et médiatique. L'affaire va jusqu'au tribunal.
Puis la Bête disparaît mystérieusement comme elle est apparue. À ce jour, son identité zoologique reste inconnue.
Le retour de la Bête
Quelques années plus tard, en 1994, une louve est affublée du sobriquet de « Bête des Vosges ». Elle sévit pendant plusieurs mois, attaque des troupeaux, avant que sa dépouille ne soit retrouvée le 19 mai 1995.
En 2011, après 17 ans d'absence, une nouvelle « Bête » attaquerait à nouveau des troupeaux de moutons dans les montagnes des Vosges : dans le village de Ventron, 40 moutons sont retrouvés morts en moins d'un mois.
Le nom « La Bête des Vosges » a été repris pour baptiser une bière ambrée artisanale.
La Bête de Noth
La bête de Noth est un animal carnivore à l'origine d'une série d'attaques sur des troupeaux à partir de novembre 1982, dans le département de la Creuse. Entre autres, le 10 novembre 1982, la bête de Noth tua un taurillon et une génisse de 400 kg chacun au lieu-dit Maison-neuve, le 19 novembre, deux brebis à Auzillac, une brebis à Maupas le 3 décembre, et une génisse à Grand-bourg le 9. Ce ne sont pas les attaques sur des bêtes domestiques qui ont marqué les esprits, mais l'état dans lequel ont été retrouvés les cadavres : horriblement déchiquetés. Les rumeurs se sont mises à circuler, parlant d'un lion ou d'un puma, tandis que d'autres identifient l'animal comme un gros chien. Lors d'une battue organisée dans la forêt de Noth en novembre 1982, un chasseur a été confronté à l'animal sans pouvoir l'identifier. La rumeur est rapidement retombée et l'affaire n'a jamais été élucidée.
La bête du Gévaudan
Très connue et médiatisée, la Bête du Gévaudan est un animal à l'origine d'une série d'attaques contre des humains survenues entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767. Ces attaques, le plus souvent mortelles, entre 88 à 124 recensées selon les sources, eurent lieu surtout dans le nord de l'ancien pays du Gévaudan, région d'élevage.
(source : wikipedia)