Le cas d'Emilie Sagee est l'un des cas les plus étranges de doppelganger...

Emilie Sagee s'est-elle dédoublée ?Son histoire remonte au début du XIXe siècle et  a été racontée pour la première fois par Robert Dale-Owen en 1860.

(en Livonie, entre Riga et la petite ville de Volmar)  
Le nombre des pensionnaires, presque toutes livoniennes, s'élevait à quarante-deux, et parmi elles se trouvait la seconde fille du baron de Guldenstubbe, âgée de treize ans. Au nombre des maîtresses était une Française, Émilie Sagée, née à Dijon. C'était une blonde avec des yeux bleu clair; elle était élancée et d'une taille un peu au-dessus de la moyenne. D'un caractère aimable et doux, elle était un peu timide et d'un tempérament nerveux. Sa santé était ordinairement bonne, et pendant le temps qu'elle passa à Neu¬welcke, elle n'eut qu'une ou deux indispositions légères. Les directeurs se montrèrent particulièrement satisfaits de son enseignement et de ses aptitudes. Peu de semaines après son entrée dans la maison, les élèves commencèrent à parler d'elle.
Quand l'une disait l'avoir vue dans telle partie de l'établissement, une autre disait : « Mais non, cela ne se peut : je viens de la croiser dans l'escalier! » On crut d'abord à une méprise. Mais comme le fait ne cessait de se reproduire, les jeunes filles en parlèrent aux autres maîtresses.
Les choses ne tardèrent pas à se compliquer et prirent un caractère qui excluait toute possibilité de fantaisie ou d'erreur.


Un jour qu'Emilie Sagée donnait une leçon à treize de ces jeunes filles, parmi lesquelles Mlle de Guldenstubbe, et que, pour mieux faire comprendre sa démonstration, elle écrivait au tableau noir, les élèves virent tout à coup, à leur grande frayeur, deux demoiselles Sagée. Elles se ressemblaient exactement et faisaient les mêmes gestes. Seulement, la personne véritable avait un morceau de craie à la main, tandis que son double n'en avait pas et se contentait d'imiter les mouvements.
Toutes les jeunes filles, sans exception, avaient vu la seconde forme. Peu après, une élève, Antoinette de Wrangel, qui voulait se rendre à une fête locale du voisinage, était occupée à terminer sa toilette, et Mlle Sagée, avec sa serviabilité habituelle, l'aidait à agrafer sa robe par-derrière. La jeune fille, s'étant retournée par hasard, aperçut dans la glace deux Emilie Sagée qui s'occupaient d'elle. Elle fut tellement effrayée de cette apparition qu'elle s'évanouit.
Et des phénomènes semblables continuèrent à se produire. Le double de l'institutrice était parfois debout derrière sa chaise, tandis qu'elle mangeait, mais sans couteau ni fourchette. Elèves et domestiques servant à table en ont témoigné également.
Il n'arrivait pas toujours que le double imitât aussitôt les mouvements de la personne véritable. Parfois, quand celle-ci se levait de sa chaise, on voyait son double y rester assis.
Une fois, alors que Mlle Sagée était couchée à cause d'un gros rhume, Mlle de Wrangel, qui lui lisait un livre pour la distraire, la vit se raidir comme si elle allait se trouver mal. Elle répondit d'une voix très faible, comme mourante. Mlle de Wrangel, se retournant quelques instants après, aperçut très distinctement le double de la malade se promenant de long en large dans la chambre. Cette fois, la jeune fille eut assez d'empire sur elle-même pour ne pas faire la moindre observation à la malade, mais descendit raconter ce dont elle avait été témoin.  Un jour, les élèves étaient toutes réunies dans une grande salle du rez-de-chaussée du bâtiment principal, avec quatre portes vitrées qui s'ouvraient directement sur le palier et conduisaient dans un grand jardin. Au milieu de la salle était une grande table autour de laquelle les élèves se livraient à des travaux de couture. Les pensionnaires étaient toutes assises devant la table, et elles pouvaient très bien voir ce qui se passait dans le jardin. Tout en travaillant, elles voyaient Mlle Sagée occupée à cueillir des fleurs. A l'extrémité supérieure de la table se tenait une autre maîtresse, chargée de la surveillance. A un moment donné, elle s'absenta, et le fauteuil resta vide. Mais, soudain, les jeunes filles y aperçurent la forme de Mlle Sagée. Aussitôt, elles portèrent leur regard dans le jardin et la virent toujours occupée à cueillir des fleurs ; seule¬ment, ses mouvements étaient plus lents et plus lourds, pareils à ceux d'une personne épuisée de fatigue.



Emilie Sagée s'est elle dédoublée?

Dans le fauteuil, le double de Mlle Sagée avait une telle apparence de réalité, qu'elles auraient pu croire que c'était elle-même. Mais certaines savaient qu'elles n'avaient pas affaire à une personne véritable, et quelque peu habituées à ces étranges manifestations, deux des élèves les plus hardies s'approchèrent du fauteuil et, touchant l'apparition, crurent y rencontrer une résistance comparable à celle qu'offrirait un léger tissu de mousseline ou de crêpe. L'une osa même passer au-devant du fauteuil et traverser en réalité une partie de la forme. Puis, celle-ci s'évanouit graduellement. On observa aussitôt que Mlle Sagée avait repris la cueillette de ses fleurs avec sa vivacité habituelle. Les quarante-deux pensionnaires constatèrent le phénomène de la même manière. Quelques-unes d'entre elles demandèrent ensuite à Mlle Sagée si, à cette occasion, elle avait éprouvé quelque chose de particulier; elle avait seulement pensé, à la vue du fauteuil vide: «J'aimerais mieux que l'institutrice ne s'en fût pas allée ; sûrement, ces demoiselles vont commettre quelque espièglerie. »
Hélas! dès qu'il fut bien établi que l'apparition du double de Mlle Sagée n'était pas un simple fait d'imagination, beaucoup d'élèves parties en vacances ne revinrent pas. Au bout de dix-huit mois, il ne restait plus que douze élèves sur quarante-deux. Les directeurs durent sacrifier la jeune institutrice.
En recevant son congé, la jeune personne, désespérée, s'écria : « Hélas ! Déjà la dix-neuvième fois ! C'est dur ! » Elle ajouta que, partout où elle avait passé et depuis le début de sa carrière d'institutrice, à l'âge de seize ans, elle avait été dans dix-huit maisons avant de venir à Neuwelcke les mêmes phénomènes s'étaient produits et avaient motivé son renvoi. Comme les directeurs des établissements étaient contents d'elle à tous les autres points de vue, ils lui donnaient chaque fois d'excellents certificats! Elle cherchait alors une nouvelle place dans un endroit aussi éloigné que possible du précédent.
Lasse de ces pérégrinations, elle se réfugia auprès d'une belle-sœur qui avait de jeunes enfants. Une enquête confirma que ces enfants, âgés de trois et quatre ans, disaient qu'ils voyaient deux tantes Emilie.

(Source : rhedae-magazine)


La dualité de l'être humain

Le double désigne tout ce qui fait référence à la dualité de l'être humain.
D'un point de vue phénoménologique, le double peut prendre différents aspects : ils sont décrits dans le chapitre des phénomènes autoscopiques qui permet d'en faire les distinctions et de rassembler le sujet autour de lui.
Car il n'y a pas de culture qui n'ait exploité ce thème à sa façon, suivant des motifs et pour des raisons propres.

Ainsi, dans la religion, le double concerne l'immortalité de l'âme. Les représentations folkloriques l'ont toujours associé à la mort, et de nombreuses superstitions en témoignent. La littérature a puisé largement dans le vivier folklorique mais a traité le sujet d'un point de vue plus psychologique. Avec la psychiatrie, c'est le trouble dissociatif de l'identité qui exploite le thème du dédoublement. En philosophie, la dualité apparente de l'être humain sert de prétexte aux partisans du dualisme et à ceux du monisme, notamment le physicalisme, mais aussi au discours sur l'illusion.

D'après Olaf Blanke et Christina Mohr,

les phénomènes autoscopiques comprennent les expériences de sortie du corps (OBE : Out of Body Experience), les hallucinations autoscopiques (dénommées aussi : autoscopie externe, deutéroscopie ou hallucination spéculaire), et l'héautoscopie.

Les expériences de sortie du corps sont définies comme une impression de voir son environnement, et donc souvent son corps physique, à partir d'un point extérieur à celui qu'un sujet occupe concrètement. Le point de vue extérieur le plus fréquemment cité est celui qui se situe au-dessus de son propre corps.
Notons au passage que, lorsque le phénomène d'OBE a lieu pendant le sommeil, le corps dédoublé prend différentes dénominations suivant les auteurs : corps de rêve, défini par Frederik van Eeden, dont sa description ne peut être distinguée du double astral, mais qu'il considère comme un produit de son imagination, Moi corporel imaginaire définit par Frétigny et Virel, qui l'expliquent comme une expérience où le sujet projette deux corps imaginaires : un qui agit et un qui demeure immobile.

Les hallucinations autoscopiques sont définis comme la vision de soi-même à partir de son corps physique réel. Il n'y a pas en fait de phénomène de dédoublement au sens strict. Catherine Lemaire se pose la question de savoir pourquoi la vision est décrit comme étant semi-transparentedans les hallucinations autoscopiques alors qu'elle semble très concrète dans les expériences de sortie du corps. En tout état de cause, aux hallucinations autoscopiques semblent correspondre les phénomènes du doppelgänger et de la bilocation.
L'héautoscopie est une expérience intermédiaire entre l'OBE et l'hallucination autoscopique où le sujet ne sait pas toujours s'il est décorporé, ou si son point de vue se situe depuis son corps ou depuis son double.

Les croyances primitives

L'ombre, le double et l'âme

Une des plus anciennes représentations de l'âme est celle de l'ombre.
Otto Rank rapporte comme exemples ceux des indigènes de Tasmanie qui ont le même nom pour ombre et esprit. Il en est de même pour les Indiens algonquins qui désignent l'ombre pour l'âme, et dans la langue quiché par le mot nahib. Le mot loakal désigne l'ombre, l'âme, l'image, l’écho chez les Abipons. Sérit ou ombre est l'esprit qui reste après la mort chez les Basutos. En se référant à Frazer, O. Rank cite également des peuplades d'Australie qui distinguent entre une âme localisée dans le cœur et une liée à l'ombre. L’arugo en Nouvelle-Guinée britannique signifie à la fois ombre, reflet et esprit d'un mort. Nio en Mélanésie du Nord désigne l'ombre et l'âme, de même pour yalo aux îles Fidji.
D'après Homère, après la mort l'âme devient une ombre (eidolon) : Ô dieux, alors il reste réellement aux Enfers une psyché et une ombre de l'homme (Achille).

Mais chez l'homme vivant, l’eidolon se manifeste dans le royaume du rêve à l'intérieur duquel il agit. Chez les Romains on l'appelle le génius, chez les Perses le Fravauli et chez les Égyptiens le Ka.
G. Van der Leeuw cite également le Ka égyptien comme représentation de l’ombre. Pour lui, la forme la plus répandue de l'âme, celle qui est unie au corps par un lien ténu, est l’ombre elle-même.
À cette croyance si répandue de l'équivalence entre l’ombre et l'âme, ces auteurs font correspondre l'équivalence ombre et double.
Ainsi, pour Van Der Leeuw, le double représente une affirmation supplémentaire du caractère d'attirance et de répulsion que constitue l’ombre par rapport à l'individu. Otto Rank assimile tout naturellement l’ombre au double et passe d'un terme à l'autre lorsqu'il disserte sur la représentation de l'âme. Pour Michel Guiomar, en parlant des aspects religieux du Double, cite l'âme, ou du moins le principe spirituel qui survit après la mort, dans les croyances de l'Égypte ancienne et chez de nombreux peuples primitifs. Edgar Morin assimile aussi au double : l'ombre, le reflet, le miroir.
Que ce soit dans le cadre des superstitions ou des croyances religieuses "primitives", ces auteurs sont d'accord pour attribuer à l’ombre ou au double :
son lien à la mort. Comme les âmes des morts sont des ombres, elles ne peuvent pas projeter d'ombre. Ou encore, le mort ne peut avoir une ombre, bien qu'il en soit une lui-même. Il en est de même pour les êtres démoniaques, les esprits, les elfes, le Diable, les spectres et les sorciers. Inversement, l'absence d'ombre chez les vivants signifie la mort imminente et la visualisation du Double est un présage de mort. Par exemple quiconque pénétrait dans le temple du Zeus lycien en Arcadie perdait son ombre et mourait dans l'année. D'après Negelein la tentative de tuer un homme par la blessure de son double est répandue et elle était déjà connue dans l'Antiquité.

De même chez les peuples "primitifs", faire du tort à l'ombre frappe son possesseur. Dans la croyance populaire, la capacité de voir son Double ne signifie rien de bon. Celui qui a une ombre petite ou faible tombe malade. En Afrique occidentale on évite de sortir aux approches de midi car le corps ne projette aucune ombre. Inversement à l'absence de crainte de sortir dans l'obscurité, un africain en expliqua la raison : il n'y a aucun danger parce que la nuit, toutes les ombres se posent dans celle du grand dieu, ce qui les renforce. D'après Van der Leeuw la crainte de perdre son ombre est universelle.
son lien avec la vie. Pour Van der Leeuw, "l'ombre est nécessaire à la vie, si elle n'est pas la vie elle-même". D'après Otto Rank, la croyance à l'âme est issue de la division du moi en une partie mortelle et une partie immortelle. Dans le totémisme les âmes des morts pénètrent dans le corps de la femme et renaissent à la vie. Il s'agit en fait du culte des ancêtres et la littérature est abondante sur ce sujet. Otto Rank fait également de l'ombre un symbole de la force procréatrice et de la fécondité de l'homme, auquel s'ajoute celui du rajeunissement. Pour William Schnabel, "un désir d'immortalité se voile dans le concept du double, car l'ombre continue son existence après la décomposition du corps physique".
Le culte des jumeaux
D'après O. Rank le motif des jumeaux concrétise le motif du double. Il est une conséquence, non pas du phénomène de la naissance gémellaire, mais de la croyance en une âme double, l'une mortelle et l'autre immortelle.
Les jumeaux sont le prototype du héros. L'apparition de l'homme et de son double confère aux jumeaux des pouvoirs supranaturels, notamment sur la vie et sur la mort, du fait qu'en venant au monde l'homme amène son double immortel. Dans les cultures dites "primitives", ainsi que dans de nombreuses mythologies, les jumeaux sont associés au caractère civilisateur (constructeurs et fondateurs de villes, comme Romulus et Rémus, ou donneurs de parole, comme les Nommo des Dogons). Mais après accomplissement de leur mission, le meurtre de l'un par l'autre est typique : il est la condition de la survie de l'autre.

Le doppelgänger


Doppelgänger est un mot d'origine allemande signifiant « sosie », employé dans le domaine du paranormal pour désigner le double fantomatique d'une personne vivante, le plus souvent un jumeau maléfique, ou le phénomène de bilocation (ou ubiquité), ou bien encore le fait d'apercevoir fugitivement sa propre image du coin de l'œil.
Doppelgänger semble être un germanisme apparu sous l'influence de l'anglais. L'Encyclopædia Universalis semble préconiser l'emploi du terme « double ».

Quant au terme « sosie », employé dans ce sens, ce serait, toujours selon la même encyclopédie, une traduction maladroite. Plusieurs sources font remonter le terme doppelgänger au roman Siebenkäs, en 1796, de Jean Paul qui le définit comme « ceux qui se voient eux-mêmes ».
Dans certaines légendes, voir son Double est un augure de mort, et un Double vu par des amis ou des proches est un signe de malchance ou de maladie à venir.

Croyances et folklores


Dans le folklore, le doppelgänger n'a pas d'ombre et son image n'est pas reflétée par un miroir ou l'eau. Il est supposé donner des conseils à la personne qu'il imite, mais ces conseils peuvent induire en erreur et être malintentionnés. Ils peuvent aussi en de rares occasions semer la confusion en apparaissant devant les amis et proches de leur victime ou en induisant des idées dans l'esprit de leur victime. Une vieille coutume d'Halloween veut qu'une jeune fille allume deux chandelles devant un miroir et qu'elle mange une pomme ; elle verra alors l'image spectrale de son futur mari dans le miroir comme s'il se penchait au-dessus de son épaule. Et si elle est assez courageuse, elle ira dans un cimetière et en fera le tour complet douze fois ; elle rencontrera alors le double lui-même. Selon une autre croyance, celui qui veut savoir qui va mourir dans l'année doit se tenir près de la porte de l'église le 24 avril, la veille de la Saint-Marc. À minuit, les doubles fantomatiques de tous ceux qui décéderont entreront dans l'église en une procession solennelle. Si l'observateur se reconnaît parmi les doubles, il sait que son temps est près d'être passé. La croyance au double peut être une des raisons de la coutume qui veut qu'autrefois les miroirs fussent couverts lorsqu'un décès advenait. C'était pour que l'âme du mort n'emporte pas dans l'au-delà le double d'une personne venant à passer devant la glace.


Témoignages sur le phénomène paranormal


Maupassant a relaté sa propre confrontation avec son Doppelgänger dans une nouvelle intitulée Lui.
Percy Bysshe Shelley (l'époux de Mary Shelley) affirme avoir rencontré son Doppelgänger comme un pressentiment de sa propre mort. La reine Élisabeth Ire d'Angleterre rapporte avoir vu une vision sur son lit de mort juste avant de mourir. Selon une autre version, « la reine Élisabeth agonisante aurait été vue par une dame de la Cour dans une partie éloignée du palais ».
Quand Catherine II de Russie vit son double, elle ordonna à ses soldats de tirer sur son image pour ne prendre aucun risque.
John Donne, le poète métaphysique anglais, aurait vu le Doppelgänger de sa femme à Paris, présage de la mort de ses filles à naître. Robert Dale Owen nous rapporte le cas singulier d'Émilie Sagée. Cette anecdote lui a été racontée par Julie von Güldenstubbe, une aristocrate lituanienne. Güldenstubbe relate que dans les années 1845-46, à l'âge de 13 ans, elle fut témoin avec d'autres enfants du phénomène de bilocation de son professeur de français Émilie Sagée (alors âgée de 32 ans). Cela eut lieu en pleine lumière dans l'école (le pensionnat de Neuwelcke). Le Doppelgänger du professeur de français fit les choses suivantes :
imiter quelqu'un qui écrit et mange mais sans rien dans les mains
bouger indépendamment d'Émilie Sagée et rester sans bouger pendant qu'elle se déplaçait
apparaître en pleine santé alors qu'Émilie Sagée était gravement malade. (source : wikipedia)