De mystérieux ponts qui vont vous transporter dans un autre monde... On attribua à des êtres surhumains la
construction de certains ponts hardiment jetés entre deux collines
escarpées ou sur le courant de fleuves renommés par leur impétuosité ou
la soudaineté de leurs crues...
Des passages pour l'au-delà !
Tantôt ils les bâtissent pour leur commodité personnelle, tantôt ils aident les hommes, exigeant pour leur salaire certaines récompenses.
Et lorsqu’il s’agissait du diable
lui-même demandant tribut, il n’était pas rare de voir les hommes le
berner en lui livrant un chat au lieu du premier humain traversant le
pont...
(Dessin : Fée sur le pont de St Martin d'Arberoue - Les émanants)
Dans les Vosges, à Uriménil et au Val
d’Ajol, se trouvent les ponts des fées. Ces bonnes dames avaient aussi,
suivant la tradition, jeté un pont gigantesque du massif des Hochfelds
ou Riesenfels jusqu’à la Roche de Châtepont, de l’autre côté du Val de
la Lièpvre.
Dans le pays basque, ce sont les
Laminaks ou Lamignac, apparentés aux fées et aux lutins, qui ont bâti le pont du
Licq. J.-F. Cerquand a recueilli un curieux récit que voici en
substance.
Les gens de ce pays ne trouvant personne pour entreprendre de jeter un pont sur le gave, convinrent d’en charger les Lamignac. Ceux-ci acceptèrent, et convinrent de le faire en une nuit, avant le chant du coq, mais à la condition qu’on leur donnerait en paiement la plus belle fille de Licq. L’amoureux de celle-ci trouva moyen de faire le coq pousser son coquerico avant l’heure. Les Lamignac venaient de soulever la dernière pierre à la moitié de sa hauteur. Ils la jetèrent à l’eau en maudissant le coq.
Les gens de ce pays ne trouvant personne pour entreprendre de jeter un pont sur le gave, convinrent d’en charger les Lamignac. Ceux-ci acceptèrent, et convinrent de le faire en une nuit, avant le chant du coq, mais à la condition qu’on leur donnerait en paiement la plus belle fille de Licq. L’amoureux de celle-ci trouva moyen de faire le coq pousser son coquerico avant l’heure. Les Lamignac venaient de soulever la dernière pierre à la moitié de sa hauteur. Ils la jetèrent à l’eau en maudissant le coq.
Dans les contrées du Nord, les géants
prennent la place des fées des régions occidentales. La Norvège a
plusieurs légendes de ponts bâtis par des géants ; tantôt c’est un jutul
qui, pour aller voir celle qu’il aime, séparée de lui par une rivière,
entreprend de bâtir un pont ; le soleil levant l’interrompt dans sa
construction ; ou bien ce sont deux géants qui construisent un pont pour
se visiter mutuellement ; d’autres géants se proposent aussi de bâtir
un pont sur le Main, sans que l’on dise pourquoi.Dans la région du Midi,
surtout le long du Rhône, les architectes de ponts sont des bergers ou
des humbles, qui, inspirés par Dieu lui-même ou par ses anges, finissent
par élever un bel ouvrage sur un fleuve large et difficile. La plus
typique de ces traditions est celle du pont de Saint-Bénezet à Avignon.
Les cascades Låtefossen, Norvège
Au Moyen Age, il y a un constructeur de ponts qui l’emporte de beaucoup sur les fées, les géants, et même les saints inspirés d’en haut. Malgré l’institution des frères pontifes, c’est lui qui aux yeux du peuple, reste le grand ingénieur, le « summus pontifex ». Dans toute l’Europe, on rencontre des ponts dont la construction lui est attribuée, et la légende les lui fait bâtir avec une facilité si grande que l’on regarde comme toute naturelle l’exclamation que Goethe a mise dans la bouche de Méphistophélès : « Le beau passe-temps pour moi, s’écrie-t-il, j’aurais plutôt fait de bâtir mille ponts ! »
Au Moyen Age, il y a un constructeur de ponts qui l’emporte de beaucoup sur les fées, les géants, et même les saints inspirés d’en haut. Malgré l’institution des frères pontifes, c’est lui qui aux yeux du peuple, reste le grand ingénieur, le « summus pontifex ». Dans toute l’Europe, on rencontre des ponts dont la construction lui est attribuée, et la légende les lui fait bâtir avec une facilité si grande que l’on regarde comme toute naturelle l’exclamation que Goethe a mise dans la bouche de Méphistophélès : « Le beau passe-temps pour moi, s’écrie-t-il, j’aurais plutôt fait de bâtir mille ponts ! »
En France, le pont du Gard, ceux
d’Orthez, de Cahors, de Bonnecombe près de Rodez, de Rilly dans les
Ardennes, de Belz dans le Morbihan, du port de l’Arche, de Saint-Cloud,
de Jouy aux Arches près de Metz, deux ponts en Corse, un grand nombre de
ponts de la Savoie et de la région des Alpes, sont l’œuvre du diable.
(Pont du diable - Suisse)
En Suisse, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Italie, dans l’Amérique, du sud, le peuple lui fait aussi honneur de ceux qui sont beaux et dont la construction a été difficile.
(Pont du diable - Suisse)
En Suisse, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Italie, dans l’Amérique, du sud, le peuple lui fait aussi honneur de ceux qui sont beaux et dont la construction a été difficile.
Voici en général comment se produit
l’intervention de l’esprit du mal. Si les détails varient assez pour
former des variantes de légendes, le thème initial est assez semblable
partout. Bien que tous les rites prescrits par la religion officielle du
pays eussent été observés, et que même, à côté de la cérémonie
orthodoxe, on n’eût pas négligé certaines pratiques empruntées aux
cultes déchus, il arrivait quelquefois que l’ouvrage commencé ne pouvait
être achevé : les éléments le ruinaient, et parfois, sans cause
apparente, il s’écroulait.
Les architectes, après s’être voués à
tous les saints, après avoir essayé de nouvelles combinaisons qui ne
réussissaient pas à assurer la solidité de leur œuvre, finissaient par
invoquer, en désespoir de cause, les divinités du temps jadis, et
surtout le diable. Celui-ci qui est aux aguets, et qui parfois a
contribué à la ruine de l’œuvre entreprise, survient tout à coup, prend
au mot l’imprudent, et promet de terminer le pont moyennant un certain
salaire Il ne se montre pas trop exigeant en apparence. Habituellement,
il se contente de l’abandon de la première créature vivante qui
traversera le tablier du pont après son achèvement.
(L'impressionnant pont de Larrau - Les émanants)
En Franche-Comté, lorsque l’on
construisait pour la première fois le Pont-du-Diable que l’on voit entre
Sainte-Anne et le Crouset, le diable venait chaque nuit renverser les
travaux qu’on avait faits pendant le jour. Le maître maçon, sur le point
d’être ruiné, appelle le démon à son secours, et celui-ci lui promet de
ne plus le troubler dans ses travaux, à la condition d’avoir, corps et
âme, la première personne qui passera sur le pont. Le maître maçon tombe
presque aussitôt malade et ses ouvriers vont chercher le curé du
Crouset pour l’administrer.
Ce fut lui qui le lendemain passa le
premier sur le pont nouvellement achevé. Le diable était là, mais au
moment où il s’apprêtait à saisir le prêtre, le bon Dieu que celui-ci
portait dans ses mains apparaît dans toute sa majesté, et le diable
épouvanté tombe dans un gouffre sans fond.
On racontait que le bailli de Saint-Cloud
qui n’était pas sorcier, mais que les sorciers avaient engagé à entrer
en négociation avec le diable, convint avec lui qu’aussitôt le travail
terminé, il lui donnerait la première créature qui passerait dessus. Le
jour fixé, il se présenta devant l’entrée du pont et lâcha un chat caché
dans sa large manche.
Dans le Morbihan, saint Cado se fit
construire un pont par le diable et lui donna aussi un chat au lieu
d’une âme. On remarque de notables interruptions aux parapets du pont,
auxquels la ville de Pont-de-l’Arche doit son nom ; le diable qui
l’avait construit de compte à demi, n’ayant eu qu’un chat pour son
salaire, refusa de le terminer. Le diable fut aussi trompé à Rilly, dans
les Ardennes, où il s’était engagé à construire le pont en une seule
nuit, en stipulant qu’on lui abandonnerait l’âme de la première personne
qui le traverserait avant le lever du soleil ; on s’arrangea de façon à
y faire passer un chien.
Le pont Rakotz, Allemagne
Quand Guillaume, duc de Toulouse, dit le Marquis-au-Court-Nez, qui allait souvent visiter son ami saint Benoît au couvent d’Aniane, voulut construire un pont sur l’Hérault, au lieu ordinaire de sa traversée, le diable renversait la nuit ce qui avait été édifié à grand’peine pendant le jour. Guillaume finit par se lasser : il appela le diable, et fit un pacte avec lui, aux conditions ordinaires : le premier passager lui appartiendrait. Le saint duc, plus rusé que Satan, fit connaître le marché à tous ses amis pour les en préserver ; puis il lâcha un chat qui le premier traversa le pont, et dont le démon fut bien forcé de se contenter. Depuis ce temps, dans le pays, les chats appartiennent au diable, et le pont à saint Guillaume.
En Corse, du temps de la domination
génoise, il y avait sur les rives du Golo, non loin du village de
Castirlo, un moulin à farine qui desservait toute la vallée. Pour
communiquer d’une rive à l’autre, on traversait la rivière à gué ou sur
une passerelle mobile et des plus primitives. Il arrivait souvent que le
passage était intercepté et la passerelle emportée par les crues. Ces
accidents contrariaient particulièrement le meunier qui, privé de
communications, se trouvait dans la nécessité de faire chômer son
moulin.
Un jour, à la tombée de la nuit, au
moment où il allait passer la rivière avec son âne chargé de farine, une
forte crue survint subitement. Le meunier dans cet embarras se
lamentait en lançant des imprécations : un étranger apparut, qui lui
demanda pourquoi il était en si grande colère. Le meunier ne lui en
cacha pas la cause et l’étranger lui promit que s’il voulait lui livrer
son âme, il s’engageait à jeter un pont en pierres sur le torrent avant
minuit sonnant. Le meunier accepta cette proposition inespérée et
avantageuse. Peu d’instants après, la rivière était le centre d’un
horrible mouvement : l’œuvre commencée se poursuivait avec une activité
diabolique et tout faisait prévoir que la promesse de l’inconnu serait
réalisée.
Le meunier, qui n’avait pas tout d’abord
réfléchi aux conséquences du contrat, devint perplexe. Cet inconnu
pouvait être Lucifer et il lui avait livré son âme. Son angoisse allait
grandissant avec l’avancement des travaux. Elle fut à son comble quand
il vit que les trois voûtes étaient fermées et que l’on commençait à
maçonner les tympans. L’ouvrage ne pouvait tarder à être achevé et
minuit était encore loin. Une idée lui vint. Sans plus attendre une
seconde, il alla réveiller le curé du village et lui raconta le pacte
qu’il avait conclu. Après quelques instants de réflexion, le curé lui
dit : « As-tu un coq parmi tes poules ? » Et sur sa réponse affirmative,
il ajouta : « Va vite, remplis une cruche d’eau, et jette-en une partie
sur lui : en sentant la fraîcheur de l’eau, le coq battra des ailes et
chantera. Pars, et si tu arrives avant l’heure convenue, tu es sauvé. »
Le meunier se hâta de suivre le conseil
du curé, et avant minuit le coq chanta. Il ne restait plus que les
parapets à construire. Un épouvantable fracas suivit le chant du coq et
fut répété par les échos de la vallée. Avant que le pont ne fût restauré
et élargi pour l’usage de la route forestière numéro 9 qui l’a
emprunté, on découvrait sur la chaussée une large pierre portant
l’empreinte d’un pied fourchu. Une autre légende raconte qu’en Corse, un
coq blanc, que réveille le bon ange de saint Martin, pousse un cocorico
strident et met en fuite le diable au moment même où il s’apprête à
poser la dernière pierre d’un pont.
Suivant diverses légendes provençales, le
diable a construit le pont du Gard et a reçu pour son salaire tantôt un
lièvre, tantôt un chat. Jules Baissac, l’auteur de la Diablerie chrétienne,
les a fait suivre d’une dissertation. Nous ne chercherons pas s’il a eu
tort ou raison de rattacher à l’ancien culte de Diane le lièvre ou le
chat qui sont offerts au diable à la place d’un être humain. Ce qui nous
paraît le plus intéressant dans sa démonstration, c’est la partie,
assez sommairement traitée, dans laquelle il exprime les idées
suivantes : le diable, en ce qui concerne les ponts, a pris — comme en
maints autres cas — la place d’une divinité antique, à laquelle jadis un
sacrifice était fait au moment de la construction ou de l’achèvement du
pont ; à l’origine ce sacrifice était celui d’un homme ;
l’adoucissement des mœurs amena la substitution d’animaux ou d’effigies
aux hommes qui primitivement étaient immolés, et les animaux divers que
l’on fait passer sur le pont, après le pacte conclu avec le démon, sont
un souvenir de l’époque à laquelle des sacrifices avaient lieu
réellement.
Lorsqu’ils ont cessé d’être en usage, le
souvenir en est resté, mais est allé en s’affaiblissant et, devenu
simplement légendaire, a été transformé : au lieu d’un rite, il n’y a
plus eu qu’un « bon tour » joué à l’ennemi du genre humain. Les
nombreuses légendes où l’on force le diable à accepter un animal au lieu
d’un homme, ne seraient autre chose qu’un écho affaibli et transformé,
de l’époque où la construction était nécessairement accompagnée de
cérémonies religieuses et de sacrifices réels. (source : france-pittoresque)
(Pont du diable - Hérault)
Notre planète regorge de monuments aussi incroyables les uns que les autres. Cependant, vous êtes-vous déjà arrêté sur les ponts ? Certains sont tout simplement extraordinaires à la limite de la féerie et méritent une attention toute particulière au point d’être traversés au moins une fois dans votre vie ! Découvrez des ponts les plus magiques qui existent…
Notre planète regorge de monuments aussi incroyables les uns que les autres. Cependant, vous êtes-vous déjà arrêté sur les ponts ? Certains sont tout simplement extraordinaires à la limite de la féerie et méritent une attention toute particulière au point d’être traversés au moins une fois dans votre vie ! Découvrez des ponts les plus magiques qui existent…
Le pont du Diable, Rhodopes, Bulgarie
Les gorges de l’Areuse, Suisse
Le pont Gaztelugatxe, Espagne
Le viaduc de Glenfinnan, Ecosse
Le Pont Neuf, Ronda, Espagne
Le pont Huangshan, Chine
Le pont Mullerthal, Luxembourg
Le pont sur la Merced, Yosemite, Etats-Unis
Le pont Gapstow Bridge, New York, USA
Le pont Carrbridge, Ecosse
Le pont en racines, Cherrapunji, Inde
Le pont Tollymore, Royaume-Uni
Le pont Lune, Taipei, Taïwan
Le pont Stari Most, Mostar, Bosnie-Herzégovine
Les chutes de Multnomah, Oregon, États-Unis
Le pont Gobbo, Robbio, Italie
Le pont Hermitage, Ecosse
Le pont Massif du Pinde, Grèce
Portugal
Ces ponts sont aussi majestueux que
magiques. Nous félicitons leurs ingénieurs et les courageux travailleurs
qui les ont bâtis. A la rédac’, après ce tour d’horizon, on rêve de se
rendre sur l’un de ces ponts pour profiter des incroyables paysages
qu’ils nous offrent ! Si vous aviez la possibilité de n’en traverser
qu’un seul, lequel choisiriez-vous ?