Les tours hermétiques


Des monuments encore plus énigmatiques que les pyramides défient la sagacité des archéologues,
ce sont les tours ou piles hermétiques.

Ce sont des constructions à base rectangulaire, hautes de 10 à 25 mètres, fermées par le toit et qui ne comportent aucune ouverture, c'est à dire sans porte, sans fenêtre.Elles sont en maçonnerie pleine.

A quoi-servaient elles ? Mystère...

https://emanants.blogspot.com/2020/07/les-tours-hermetiques.html
(source : monumentum)

Cinq Mars la Pile
Cinq-Mars la Pile est une commune située une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Tours, la préfecture d'Indre-et-Loire. Elle s'établit au nord de la Loire, adossée au coteau. Le petit bourg de Cinq Mars la Pile possède un monument des plus curieux : La Pile.


Ce nom vient tout simplement de la forme de l’édifice, c’est une sorte de tour carrée, en briques, de seulement quatre mètres de côté, pour une hauteur qui avoisine les vingt neuf mètres. Elle se dresse, sur le coteau, en bordure de la N152, quelques centaines de mètres avant le bourg en arrivant de Tours. On ignore à peu près tout de cette construction, qui l’a bâtie ? Quand ? Sa fonction ? Ce n’était pas une tour de guet, puisqu’elle était à l’origine pleine sur toute sa hauteur ( Ou peut-être un escalier extérieur disparu depuis) On a pensé qu’il pouvait s’agir d’un monument funéraire, mais les fouilles n’ont rien révélé de tel. Sa décoration est tout aussi énigmatique. Sur la partie supérieure regardant vers la Loire, on remarque un insolite décor aux motifs variés : Au total, 14 compartiments de motifs. Disposés sur six rangs, ils représentent des éléments géométriques (Carrés, losanges, triangles, chevrons brisés, quatre-feuilles) Leurs dispositions suggèrent aucune signification, comme si le décorateur avait associé les panneaux n’importe comment. Y aurait-il un sens caché derrière cet apparent chaos (Au début du Xxe siècle, un congrès d’archéologues déclara qu’il s’agissait des signes du Zodiaque) On s’est perdu en conjectures sur l’origine et le rôle de cet étonnant monument.



La seule certitude que l’on ait est qu’elle date de l’époque Gallo-Romaine. La découverte de vestiges de cette époque aux alentours immédiats, comme celle d’un aqueduc souterrain, donne à penser qu’un riche gallo-romain avait ici une villa et que la « Pile » en faisait partie… mais à quoi pouvait-elle servir ? On a avancé qu’elle servait à guider les bateliers, la tradition locale en fait le point de ralliement des tribus gauloises ou gallo-romaines en marche vers un sanctuaire inconnu, établi en ce point sur le coteau. Notons que l’étymologie populaire explique le nom de la commune par l’histoire de cinq guerriers, disciples du dieu Mars, qui y auraient été enterrés…

Photos : monumental

Source: "Site mystérieux et Légendes de nos provinces Françaises" de Jean Paul Ronecker - Edition Trajectoire, 2006
Le "Fanal" d'Ebéon
Le "Fanal" d'Ebéon, dit "la Pyramide", est un vestige gallo-romain datant du IIIème siècle de notre ère, situé au lieu-dit "Bois-Charmand". Le Fanal (ou pile) forme encore un bloc de maçonnerie de 16 mètres de haut et de 6 mètres de diamètre.
Le monument est fermé par une clôture de 70 à 75 mètres de côté dont la face occidentale longeait la voie romaine. La pile est identique à celle de Pirelonge bien qu'en plus mauvais état.
Il est situé à une centaine de mètres d'une voie romaine, celle de Mediolanum Santonum (Saintes) reliant Limonum (Poitiers), et donc confirmerait la théorie de la borne visible à plusieurs lieues qui servirait de repère significatif aux voyageurs circulant sur la voie romaine. A l’époque, il était entouré d’une enceinte rectangulaire, dont un des côtés longeait la voie romaine.


La « Pyramide » fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques en 1889.
Tour de Pirelonge à Saint Romain de BenetTour de Pirelonge à Saint Romain de Benet
La pile romaine est une sorte de tour élevée, de plan carré ou rectangulaire, plus rarement circulaire, constituant un monument funéraire. Les piles, élevées entre le Ier et le IVe siècle. Les piles se retrouvent dans tout l’espace de la colonisation romaine, avec une nette prédominance pour le Sud-Ouest de la France (4 en Haute-Garonne, 8 dans le Gers et 3 en Charente-Maritime).
La pile est constituée d’une tour de base carrée ou rectangulaire, dressée sur un socle et entourée d’un enclos qui recevait les tombes des défunts. La base ou socle est généralement de dimensions supérieures au reste de la construction, puis suivent des « étages » simulés par des bandeaux ou des corniche, parfois par un léger retrait. Un dernier niveau présente une niche, le plus souvent voûtée en berceau ou en cul-de-four, orientée à l’est ou au sud, qui abrite une statue, dont la tête amovible pouvait être changée et remplacée par le portrait du dernier défunt. Le sommet de la pile est en forme de dôme, de cône ou de pyramide.
La tour est toujours pleine, les murs extérieurs sont en pierre ou en brique, d’appareil soigné comportant souvent des motifs décoratifs, parfois des bas-reliefs ou des statues, tandis que l’intérieur reçoit un blocage de matériaux grossiers. Les excavations pratiquées par les curieux au XIXe siècle n’ont jamais révélé la moindre cavité intérieure. La pile n’était pas un tombeau, mais un cénotaphe. Les tombeaux se trouvaient vraisemblablement dans l’enclos qui entourait la pile.
Les Piles de Pirelonge, Chagnon et Ebéon (source : mediolanum-santonum)

Pile de Larroque Mengot - (gersinfos)

Pile romaine, dite La Pyramide à Authon-Ebéon

(source : monumentum)

(photo : Yann Gwilhoù)

Tour de Pirelonge
La Tour de Pirelonge est une tour en pierre gallo-romaine, aussi appelée pile, située à l'est de Saujon, sur le territoire de la commune de Saint-Romain-de-Benet (Charente-Maritime, France).
Les dimensions de la tour sont d'environ 6 m par 6 m à la base, pour une hauteur de 25 m. Elle se termine par un couronnement conique assez bien conservé. Il n'y a pas de niche apparente. De nombreux sondages ont mis en évidence l'absence de chambre intérieure  : la tour est donc pleine. Des fouilles ont par contre identifié les restes d'une enceinte.
La tour se situe le long de la voie romaine reliant Saintes à Bordeaux.
Son rôle exact a été longtemps indéterminé  : borne, amer. On sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un monument funéraire dédié à un personnage important. Dans l'enceinte de la pile se trouvaient des sépultures.

Cette tour est similaire au fanal d'Ebéon situé sur la commune de Authon-Ébéon. Ce dernier est en très mauvais état.

La tour de Pirelongue fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.

(source : .wikipedia)

Pile de Labarthe-Rivière

Le mausolée des Flavii à Kasserine (Tunisie)

Pile de Valcabrère

Le terme de pile, désignant indistinctement toute sorte de construction massive s’apparentant à un pilier, s’est naturellement imposé dans le langage populaire pour ces édifices. En Aquitaine et Midi-Pyrénées, on emploie les mots tourrasse ou, en Gascogne, tourraque, augmentatifs occitans de « tour ». Le nom de Peyrelongue (« pierre longue ») habituellement donné aux mégalithes, se retrouve en plusieurs endroits, avec les formes Pirelongue ou Pirelonge. En Poitou-Charente, on trouve les noms de lieux Fana ou Fa, dérivés du latin fanum, « temple ». Il existe parfois une variante fanal, qui se rapproche d’une des hypothèses avancées jadis, selon laquelle ces monuments auraient servi de tours à signaux. Il n’est pas impossible, car ressortant d’une tradition romaine, qu’une lumière ait été placée en haut de la construction pour honorer les morts, pratique qui se retrouvera après le XIe siècle avec la lanterne des morts placée dans les cimetières et qui présente certaines similitudes avec la pile romaine. Le toponyme Montjoie, désignant fréquemment l’emplacement d’un monument élevé à un carrefour, se retrouve parfois associé à une pile (pile de la Montjoie à Roquebrune, Gers).

En dehors des régions françaises, on emploie le terme plus générique de mausolée, soit que le caractère funéraire soit demeuré évident par la bonne conservation du monument, soit qu’on lui ait attribué d’autres fonctions  : borne, monument commémoratif, etc., qui l’auraient protégé du vandalisme.

La pile est constituée d’une tour de base carrée ou rectangulaire, dressée sur un socle et entourée d’un enclos qui recevait les tombes des défunts de la famille du principal récipiendaire. La base ou socle est généralement de dimensions supérieures au reste de la construction, puis suivent des « étages » simulés par des bandeaux ou des corniche, parfois par un léger retrait. Un dernier niveau présente une niche, le plus souvent voûtée en berceau ou en cul-de-four, orientée à l’est ou au sud, qui abrite une statue, dont la tête amovible pouvait être changée et remplacée par le portrait du dernier défunt. Le sommet de la pile est en forme de dôme, de cône ou de pyramide. La tour esr pleine : les murs extérieurs sont en pierre ou en brique, d’appareil soigné comportant souvent des motifs décoratifs, parfois des bas-reliefs ou des statues, tandis que l’intérieur reçoit un blocage de matériaux grossiers. Les excavations pratiquées par les curieux au XIXe siècle n’ont jamais révélé la moindre cavité intérieure. La pile n’était pas un tombeau, mais un cénotaphe. Les tombeaux se trouvaient vraisemblablement dans l’enclos qui entourait la pile.

La hauteur moyenne d’une pile, difficile à établir en raison de la dégradation des monuments subsistants, pouvait atteindre ou dépasser une dizaine de mètres. Celle de Cinq-Mars (Indre-et-Loire), la plus haute, atteint 29,50 m. La Tourasse à Aiguillon (Lot-et-Garonne) est de plan circulaire, mais son statut de pile funéraire, quoique probable, n’est pas assuré. La Pyramide de Couhard, à Autun, affecte comme son nom l’indique la forme d’une pyramide romaine, c’est-à-dire assez aiguë.

Fonction

Les piles ont été longtemps qualifiées de « mystérieuses », la connaissance de leur fonction s’étant d’autant plus perdue que leur décor extérieur avait souvent disparu.

Bornes

Parmi les hypothèses les plus souvent proposées, figurent les « bornes », compte tenu de leur présence le long des voies romaines. Mais, même en tenant compte des édifices disparus, leur nombre n’est pas suffisant pour justifier leur usage systématique dans ce sens, et leur grande taille apparaît quelque peu disproportionnée avec le rôle d’une simple borne. Enfin, certaines piles se trouvaient en dehors des grands axes de circulation. Il est certain qu’en revanche les piles pouvaient servir de repère.

Dans le même ordre d’idées, elles auraient marqué la limite de certains territoires, ou servi d’amer dans les régions côtières.

Temples

Enfin, on a souvent pensé qu’il s’agissait de temples dédiés à divers dieux, dont Mercure, patron des voyageurs. De nombreuses statues de divinités et d’objets de culte ont été retrouvés aux abords des piles.

Monument funéraire

Il est communément admis aujourd’hui que les piles sont des monuments funéraires, destinés à célébrer la mémoire de personnages importants. Les tombeaux se trouvaient dans l’enceinte entourant la pile, qui pouvait être une nécropole de quelque importance.

Cette fonction funéraire n’est pas forcément en contradiction avec les diverses hypothèse précédentes, car les tombeaux étaient souvent bâtis aux carrefours, selon les règles mêmes établies par les arpenteurs romains, et leurs enceintes, presque toutes disparues, contenaient objets de culte et statues de divinités.

Conservation

Un grand nombre de piles ont disparu, faute d’entretien, car étant pleines, elles ne pouvaient être d’aucune utilité de logement ou de stockage, si ce n’est de servir de carrières de pierres. Beaucoup ont disparu lors de la christianisation (saint Martin de Tours se serait employé à en détruire un grand nombre). Certaines, comme la seconde tourraque de Labarthe-de-Rivière (Haute-Garonne) ont dû laisser la place à une voie de chemin de fer, une route ou d’autres aménagements. Longtemps objets de mystère, à l’origine mal définie, les piles ont été étudiées tardivement. Aujourd’hui la totalité des piles sont inscrites comme monuments historiques. Elles sont classées en tant que colonne monumentale.

Localisation

Les piles se retrouvent dans tout l’espace de la colonisation romaine, avec une nette prédominance pour le Sud-Ouest de la France. Le département du Gers en compte 8 subsistantes, après en avoir possédé 12 recensées. Des monuments funéraires dont on peut comparer le principe à celui des « piles » françaises se trouvent aussi en Espagne (Tour des Scipion à Tarragone), en Allemagne (Igel), en Tunisie (Kasserine, Henchir-em-Naam), en Libye (Ghirza), etc.

Région Aquitaine
Lot-et-Garonne

    Aiguillon : la Tourasse. Cette pile, dite aussi de Pirelongue, est de plan circulaire, d’un diamère de 9 mètres pour une hauteur actuelle de 5. Deux autres piles, à Buzet et à Bourran, se trouvaient à des distances égales de 3 lieues gauloises (soit environ 7 kilomètres), ce qui a accrédité l’idée qu’il pouvait s’agir de bornes. Des fouilles alentour ont permis de découvrir en 1827 diverses pièces romaines, gardes d’épées et autres objets archéologiques.
    Saint-Pierre-de-Buzet : tour de Peyrelongue, en petit appareil cubique très régulier. La niche voûtée en cul-de-four s’ouvre à 4,50 m du sol.

Région Centre-Val de Loire
Indre-et-Loire

    Cinq-Mars-la-Pile : pile de Cinq-Mars
    Marcé-sur-Esves : Pile de Marcé-sur-Esves

Région Midi-Pyrénées
Ariège

    Moulis : pile de Luzenac
 Pile de Luzenac

    Haute-Garonne
    Labarthe-Rivière : la Tourraque, en bordure d’une voie romaine, fortement dégradée depuis la gravure de 1884 qui montre encore son couronnement pyramidal, aujourd’hui disparu. Une autre pile située à proximité fut détruite pour l’établissement de la voie de chemin de fer au XIXe siècle.
    Beauchalot, en bordure d’une voie antique. Petit appareil, niche, hauteur 12,80 m.
    Valcabrère : restes d’une pile dont les parements ont presque entièrement disparu.
    Montréjeau, rive gauche de la Garonne, niche, décor en alternance de pierres noires et jaunes.

    Gers
    Saint-Lary. « La plus intéressante du Gers », dit Ph. Lauzun. Elle a conservé une grande partie de son revêtement extérieur et de sa décoration.
    Ordan-Larroque : pile de Lasserre, ou d’Encassou-Pancaran : hauteur actuelle 6 m, très dégradée ; pile de Larroque-Mengot, dite aussi Peyrelongue, hauteur 10 m, le parement et la niche supérieure ont disparu. La petite niche a été aménagée au XIXe s.
    Biran : tourraque de Lacouture, 11 m de hauteur, c’est la plus imposante des piles gersoises. La niche, voûtée en cul-de-four, s’ouvre vers le sud.
    Roquebrune : pile de Montjoie. De faible hauteur, elle comporte une niche voûtée en berceau et sa nature n’est pas connue avec précision, il pourrait s’agir d’un temple.
    Saint-Arailles : tourraque de Merlieu. La pile commence à être démolie en 18566. Après disparition de la partie supérieure, la hauteur est de 5 m, la base de 3,80 m sur 2,70 m.
    Mirande : pile d’Artigues ou de Betbèze, dont ne subsiste que la base (3 m de haut) (une seconde pile située à proximité a disparu au XIXe s.)
    Lamazère : tourraque d’Ortolas, hauteur 5,50 m.

    Tourraque de Lacouture, à Biran
    Niche, tourraque de Lacouture

    Région Poitou-Charentes

    Charente-Maritime

    Authon-Ebéon : la Pyramide ou fanal, très dégradée, surtout à la base Elle mesure environ 16 m de haut.
    Aumagne : pile de Chagnon, ou de Villepouge (détruite au XIXe s. mais dont les fouilles ont été riches d’enseignements).
    Saint-Romain-de-Benet : tour de Pirelonge : base de 6 x 6 m, hauteur 25 m, elle a conservé son couronnement conique.

Le Fanal d’Ébéon

 

A LA DÉCOUVERTE DES PILES GALLO-ROMAINES GERSOISES ...

Publié le 19 Janvier 2012 par Pierre du Thil

Le Gers : pays des « tourraques » !

«  Tourracos » c'est ainsi que nos ancêtres Gascons avaient baptisés ces énigmatiques constructions gallo-romaines.  Longtemps, les historiens se sont  interrogés sur la destination de ces sentinelles de pierre. Etaient-ce des monuments religieux païens ? ou bien de gigantesques bornes car situées parfois le long de voies romaines ?  Ou alors des monuments funéraires ?  L'énigme semble définitivement résolue et les historiens s'accordent aujourd'hui pour affirmer que les piles gallo-romaines sont effectivement des monuments funéraires érigés au entre le Ier et le IVeme siècle de notre ère, en l'honneur d'un vénérable défunt et de sa famille.

Après les mastabas,les pyramides, les menhirs et autres dolmens, les piles gallo-romaines  bien que  postérieures, sont aussi des monuments funéraires et on peut, dès lors, estimer, que cette comparaison sans doute présomptueuse, peut néanmoins, être soutenue. Employée à dessein  cette image excessive,est destinée à susciter d'abord la curiosité et je l'espère, peu ou prou, l'intérêt du lecteur et sait-on jamais... entraîner une réactivité des décideurs concernés par une éventuelle, mais ô combien essentielle, mise en valeur cet inestimable patrimoine.

On rencontre de nombreuses piles gallo-romaines dans tout l' Aquitaine et  plus particulièrement dans le Gers qui est le département qui en posséderait le plus ! Elles sont relativement bien conservées malgré les siècles, les intempéries...et les divers pillages. Leur lieu d'implantation est très varié : tantôt érigées au sommet d'une colline, visibles de fort loin, ou  parfois en plaine, à proximité d' une ancienne voie romaine, tantôt près d'un ruisseau ou au milieu de nulle part ! Assez souvent difficiles d’accès, ces «tourraques » sont de nos jours, souvent méconnues du public.
Pourtant dans le passé et notamment vers la fin du XIXème siècle, ces édifices ont fait l'objet de différentes études et communications d'éminents historiens parmi lesquels il convient de citer  entre autres : M Cénac-Moncaut  ( communication au Congrès des Sociétés Savantes 1863 ) ; l'abbé Caneto ( tome 23 de la Revue de Gascogne ; M Adrien Lavergne ( excursion de la Société Française d'Archéologie dans le département du Gers  1883 ) et  enfin le très documenté «'Inventaire général des piles gallo-romaines du Sud-Ouest de la France et plus particulièrement du département du Gers -Bulletin Monunental  » de M Philippe Lauzun publié en 1898 . Dans ce document, qui  sert toujours de référence,  l'auteur effectue une description exhaustive de 8 piles gersoises.

Plus près de nous, des relevés ont été effectués en 1965 par le Bureau d'Architecture Antique du Sud-Ouest, puis entre 1966 et 1968 c'est l'archéologue haut-garonnais M Georges Fouet qui entreprit des fouilles autour de la pile d'Artigue-Bétbeze ( entre Mouchès et Mirande ). Plus loin, lors de la description de la pile de Bétbeze , je vous ferai un bref résumé du résultat de ces dernières fouilles.

En règle générale, les piles sont des tours souvent rectangulaires, de hauteur variable ,assises sur un socle. Sur la partie haute de l'édifice, et en façade principale souvent encadrée de pilastres, était aménagé une niche dans laquelle était exposé une statue à tête mobile, pouvant être remplacée après chaque décès du chef de famille. Le sommet de l'édifice devait être en forme de dôme ou de pyramide quadrangulaire. L'extérieur des piles est constitué par des moellons calcaires rectangulaires, de petit appareil, parfaitement taillés et calibrés, tandis que la partie intérieure est comblée par un amalgame hétéroclite de morceaux fragmentés , de pierres calcaires, assemblés au mortier de sable et de chaux éteinte.

Le pourtour des piles constitue un enclos funéraire enfermant les tombes ou urnes funéraires des autres membres de la famille et autres personnages secondaires de l'entourage du défunt. Ensemble nous allons effectuer un circuit à travers la campagne gersoise afin de découvrir les 8 piles gallo-romaines encore visibles ( Au début du XIXème siècle on comptait 12 piles dans le Gers.) Certaines piles étaient doublées ex Biran et Bétbèze, il convient aussi de noter la destruction de la pile du Pontic ( commune de Barran) au début du XIXème siècle .

La pile de Saint-Lary
Le circuit que je vous propose débute par la pile de Saint Lary que Ph Lauzun qualifia de «  la plus intéressante du département du Gers. » Elle est située, côté ouest, face au village . Du haut de sa colline elle domine la petite vallée du ruisseau de Loustère. Elle s'intègre parfaitement dans le paysage et depuis la route D930, seul un œil avisé parvient à la distinguer au milieu de son écrin de verdure. L'édifice d'une dizaine de mètres de hauteur a été le plus décoré et reste de nos jours, le mieux conservé. Sur la façade est on distingue deux motifs losangés verticaux constitué par des moellons taillés également en losange. Au dessous on distingue l'emplacement d'un fronton dont les dont les pilastres ,ou les rampants ont disparu .Sur le tympan on peut voir des motifs losangés horizontaux. Sur le côté gauche il subsiste quelques éléments constitués de carrés et d'hexagones taillés dans la même pierre calcaire et dont le motif particulièrement soigné peut rappeler la représentation épurée de fleurs . Une gravure de la fin du XIXème siècle permet de mieux imaginer la beauté originelle de cet édifice. Sur la partie supérieure la niche est encadrée de deux pilastres. Le fond de la niche n'est pas plat mais en cul de four. La voûte supérieure,en berceau plein cintre n'existe plus. Près de la pile les vestiges de murailles affleurant le sol semblent indiquer la présence à cet endroit d'un cimetière contemporain à l'édifice . Cette pile est classée Monument Historique depuis 1875 !

Cette pile est implantée sur le territoire de la commune d' Ordan-Larroque, au nord de l'ancienne voie romaine reliant Eauze à Auch et non loin du hameau de Lasserre , en bordure d'un lac collinaire. Elle était d 'une hauteur de 9 mètres vers 1880, sa hauteur actuelle actuelle est d'environ 6 m. La pile devait à l'origine être de forme quadrangulaire . Suite aux dégradations naturelles (mauvaise résistance aux intempéries et érosion) mais aussi intentionnelles ( récupération de matériaux à moindre coût), l'édifice se présente déformé sous une forme à peu près pyramidale. Pas de niche actuellement visible car elle était,vraisemblablement située sur la partie haute détruite. Le parement en petit appareil est visible sur 3 faces , le côté ouest étant le plus dégradé.

( photo ci-contre  Pile de Lasserre )

La pile de Larroque-Mengot
Elle aussi ,est située sur le territoire de la commune d'Ordan-Larroque , près du château de Larroque en bordure de la voie romaine mentionnée plus haut. La pile de Larroque est implantée à une altitude de 222 mètres,et elle domine majestueusement «  la plaine d'Ordan » et la route nationale 124 qui la traverse longitudinalement. Imposante par sa hauteur, d'environ 10 m elle est de forme quadrangulaire . Le bloc intérieur est ici aussi constitué de maçonnerie pleine, le parement en petit appareil romain, a pratiquement disparu, il n'est plus visible actuellement que sur la face nord de la pile. La partie supérieure du monument, dans laquelle se situait la niche, a disparu. Au dessous , une niche moderne a été aménagée au XIXème siècle. Elle renfermait une statue de la Vierge. La légende voudrait que l'initiative de cet « aménagement » de la pile incombe à la châtelaine de Larroque . Après la vague républicaine qui déferla jusqu'à notre campagne gersoise, la dame voulait ainsi, en exposant une statue de la vierge, rechristianiser la contrée... ! La pile de Larroque-Mengot appelée aussi «  Peyrelongue » a été classée Monument Historique par arrêté du 25/11/1976.

La tourraque de Lacouture
Piles-gallo-romaines-009.JPGÉrigée près du village de Biran , sur la rive droite de la Baïse , au lieu-dit Lacouture, la pile de Biran, est une des mieux conservée, et certainement la plus connue . Avec plus de 11 mètres de hauteur c'est aussi la plus imposante des tourraques. Elle a été autrefois, appelée aussi Pile du Mas de Biran . Du fait de son emplacement en plein centre d'un champ cultivé il ne m' a pas été possible d'approcher l'édifice. Néanmoins son observation à distance permet de décrire un massif quadrangulaire revêtu de petit appareil ,fort bien conservé, par rapport à la plupart des piles visitées. La niche semi-circulaire orientée vers l'est est de grande dimension . Le périmètre de celle-ci est ornée d'une bande en saillie. La voûte de la niche est en cul de four . A cet endroit se situait semble-t-il un second édifice. La pile de Biran est classée Monument Historique depuis 1875. La propriété de la Tour anciennement propriété de l' Etat a été transféré à la commune par convention du 24/10/2007. Relevé effectué en 1966 par le Bureau d'Architecture du Sud-Ouest sous la direction de M. Lauffray.


La Pile de Montjoie à Roquebrune
A environ 2,5 km du village,sur la rive droite de la Guiroue s'élève ce monument fort dissemblable des autres « tourraques ».Cette pile de hauteur et de dimensions restreintes est constitué d'une niche monumentale voûtée en berceau à plein cintre et, assise sur un bloc rectangulaire, maçonné, revêtu de petit appareil. Elle a été souvent considéré comme un temple. En voici la description faite par les Monuments Historiques : «l'ouvrage se présente comme un petit temple de forme rectangulaire ouvert sur une face, et voûté en berceau. Chacune des parois latérales intérieures contient une petite niche à fond plat, tandis que le mur du fond en possédait une sur plan semi-circulaire qui devait vraisemblablement être accompagnée d'un autel à la base . » Il semble que les historiens contemporains continuent de s'interroger sur la destination de l'édifice : temple ou monument funéraire différent des autres ? Propriété d'une personne privée la pile de Montjoie est inscrite aux MH par arrêté du 15/06/1925 .St-Arailles--Roquebrune--01-2012-015.JPG

La tourraque de Merlieu
Située à quelques centaines de mètres au sud-ouest du village de Saint-Arailles ( à voir ) la pile de Merlieu se présente sous la forme d'un massif de maçonnerie compact de base rectangulaire de 3,80m sur 2,70m , dont les faces sont St-Arailles--Roquebrune--01-2012-002.JPGhabillées de parement en petit appareil. La faible hauteur actuelle ( un peu moins de 5m ) , qui donne cet aspect «  trapu » à l'édifice est vraisemblablement la conséquence de la disparition de la partie supérieure ou devait se situer la niche. Relevé effectué en 1966 par les soins du Bureau d'Architecture du Sud-Ouest sous la direction de M Lauffray. Des découvertes intéressantes ( poteries et monnaies ) ont été faites dans le passé, à proximité de la pile. Ces trouvailles témoignent de l'existence en ces lieux, d'une population autochtone relativement importante.


La pile d' Artigues ou de Betbèze
Depuis la route départementale 639 entre Mouchès et Mirande , on aperçoit facilement cette pile implantée en plein champ de maïs. Il ne subsiste aujourd'hui que la base de l'édifice. Il s'agit d'un gros bloc de maçonnerie revêtu partiellement de parement en petit appareil. Sa hauteur actuelle doit être d'environ 3 m. Il est impossible de savoir de quel côté était située l'imaginable niche . Le sommet de la pile est actuellement envahi par la végétation , ce qui va inexorablement participer à la probable désintégration du monument. A quelques dizaines de mètres de l'édifice actuel se trouvait une seconde pile , vraisemblablement disparue au début du XIXème siècle. Comme je l'ai indiqué plus haut, c'est dans le périmètre immédiat (enclos funéraires )de cette pile et de la seconde pile ( aujourd'hui disparue) que l'archéologue M Georges Fouet entreprit des fouilles durant le mois d'avril 1966. Celles-ci ont permis de dégager en tout 17 tombes à incinération et 4 tombes à inhumation, dont une d'enfant. Les tombes à incinération sont de simples cuvettes creusées à faible profondeur. Des vases, des objets divers ainsi que des pièces de monnaies ont été extraits. Des statuettes en grès local viennent compléter ces trouvailles. La plus intéressante semble être une statuette de 28 cm de hauteur représentant un homme tenant un lièvre . Dieu chasseur, ou représentation du défunt ? La question reste posée.


La pile d'Ortolas à Lamazère
Cette pile érigée au sommet d'une colline domine fièrement la campagne environnante et le petit village de Lamazère situé plus bas dans la vallée de la Petite Baïse . C'est certainement la plus massive des «  tourraques  »   gersoises. De plan rectangulaire de 4m sur un peu plus de 3m , elle a une hauteur d' environ 5,50m, la partie supérieure est démolie certainement à la base de la niche. Le bloc de maçonnerie pleine est recouvert en grande partie en petit appareil bien conservé. La couleur dominante,ocre rouge, de l'édifice résulte de la composition minérale de la pierre pigmentée par l' oxyde de fer qu'elle contient. La façade nord est composée d'un soubassement de 3 assises sur lequel repose un premier étage. Au-dessus on distingue une corniche en retrait qui supporte un second étage parementé. La coloration atypique cet ouvrage sublimée par la luminosité du soleil matinal, lui confère une rare et imposante splendeur. Propriété d'une personne privée la pile est inscrite MH depuis le 12/11/1963.

C'est à Lamazère que s'achève mon circuit des «  tourraques » La plupart des piles ont été élevées le long, ou à proximité, de voies romaines.Elles sont toutes de plan rectangulaire avec un parement extérieur, plus ou moins bien conservé, en petit appareil . Presque toutes ont une hauteur considérable et possèdent ( ou ont eu ) une niche, généralement orientée vers le levant. D'après certains historiens et quelques récits oraux de nos anciens, il permis de penser que bien d'autres piles aient existé dans le département du Gers. Les noms de certains lieux-dit : Peyrelongue, Peyrelade, Turraquo, Tourasse etc. ..pourraient, en maints endroits, évoquer la présence ancienne de ces monuments gallo-romains. Il faut évidemment prévoir un temps suffisant pour faire «  le tour des tourraques » L'accès à ces monuments se mérite. Il convient souvent de marcher assez longuement, parfois en terrain chaotique, et sans GPS ! avant de parvenir au but. Mais après l'effort... quel réconfort ! A quand un fléchage ou un balisage des sentiers des tourraques ? (source : monpetitcoindegascogne)

https://emanants.blogspot.com/2020/07/les-tours-hermetiques.html