Rêve prémonitoire, peut-on connaître notre avenir ?

Rêve prémonitoire

On n'est loin de tout connaître sur les facultés de notre cerveau. La nuit, lorsque nous dormons, il se passe beaucoup plus de choses qu'on ne pourrait penser. Nos rêves sont souvent en rapport avec ce que nous vivons dans la réalité, mais parfois, certains rêves semblent nous prévenir comme si l'avenir s'affichait sur un écran de cinéma et ce sont des signes d'alerte que l'on doit prendre au sérieux.


Belle histoire !
Je me souviens d'une anecdote qui m'est arrivée. Il y a quelques années, j'avais offert à ma mère une bague d'un rubis enchâssé par 2 petits diamants, la bague était jolie et ma mère y tenait beaucoup. Mais un jour un des 2 diamants avait disparu, après quelques vaines recherches, le diamant était tellement petit que cela aurait été miraculeux de le retrouver. Ma mère était désolée et elle y pensait constamment. Puis une nuit, elle fit un rêve qui lui montrait que le diamant absent était tombé dans l'arrière de la voiture, ce rêve, me dira elle plus tard, avait été tellement lucide et réel, qu'elle regarda dans la voiture si le diamant y était... et... il y était ! Exactement à l'endroit où elle l'avait rêvé, elle retrouva ce petit diamant avec joie et sa bague fut à nouveau intacte.

La bague de l'histoire

En connaissant certains symboles, tout le monde peut arriver à comprendre ses rêves. Rêver par exemple d'inondation, pluie, liquide, bateau etc..., fluide, mouvante, toujours changeante, l’eau représente nos émotions, que nous avons eues ou que nous aurons un jour, et les émotions sont le domaine de l’inconscient. L'air est relié à la pensée, à la communication, à tous nos échanges (rêver par exemple d'avion, gaz, voile, oiseau etc...). La terre représente le monde matériel, nos actions, nos réalisations concrètes (par exemple, rêves de séisme, racine d'un arbre, pierres, etc...) représente ce qu'il y a de plus ancré, de plus vieux en nous, c'est souvent l'interprétation de vieux souvenirs, voire des vies antérieures. Le feu (rêver de cheminée, éclair, bougie, chaleur, etc...) qui transforme, modifie, nos états d'esprit, il correspond à notre énergie créatrice dans un domaine particulier. Domaine qu'il faudra bien identifier. Il est relié à l'esprit car toute création part de l'esprit, l'esprit créé la forme....
Chacun pourra interpréter ses rêves, cela demande de l'entrainement et de la logique mais tous les rêves transmettent des messages.

Dans certains cas, le rêve exerce une action prémonitoire. Il peut nous avertir d'un danger qui nous menace ou qui vise une personne de notre entourage.
De tout temps, l'humanité a connu des rêves prémonitoires. Voici quelques exemples célèbres...

Le rêve de Calpurnia, femme de César



La nuit qui précéda le meurtre de son mari et que raconte Plutarque. César avait remarqué que sa femme prononçait des mots inintelligibles et poussait de grands soupirs.

« Elle rêvait qu'elle tenait dans ses bras le cadavre de son mari assassiné… »

Le lendemain, elle supplia César de ne pas sortir et de remettre la séance du Sénat. S'il ne voulait pas ajouter foi à son rêve, qu'il consulte l'Oracle ou sacrifice aux dieux pour que ceux-ci le conseillent. Ce rêve lui causa une forte émotion. Calpurnia n'était pas superstitieuse, et seul un fait extraordinaire pouvait la mettre dans un tel état d'abattement. Comme on le sait, César, devant les mauvais présages émis par les prêtres et augures, voulut effectivement remettre la séance du Sénat, mais changea finalement d'avis, ne voulant pas paraître superstitieux.



Il se rendit à l'Assemblée et y fut poignardé. Shakespeare retrace le rêve dans son Jules César conformément à la tradition antique. Les ides de mars, date à laquelle le meurtre fut commis, ont toujours gardé depuis un caractère néfaste. Il existe des cas similaires ou des malheurs s'accomplissent parce qu'on n'a pas tenu compte de l'avertissement du rêve. En revanche, il y a toujours eu des personnes qui le prirent au sérieux et évitèrent ainsi bien des malheurs.

Nous lisons à ce propos, dans De divinatione de Cicéron, qu'un jour le poète lyrique Simonide trouva le corps d'un inconnu étendu sur le chemin. Il s'empressa de l'enterrer. À quelque temps de là, Simonide voulut entreprendre un voyage en mer. L'homme qu'il avait enterré lui apparut en rêve* et lui conseilla de ne pas donner suite à son projet, s'il ne voulait pas périr noyé dans le naufrage du bateau. Simonide suivit heureusement le conseil, car le bateau périt corps et biens.

Cicéron croyait aux prémonitions de ses songes

Les rêves prémonitoires sont nombreux dans l'histoire de Rome. Certains semblent avérés, comme le rêve de Cicéron sur Octave, rapporté par Suétone, Plutarque et Dion Cassius en des termes légèrement différents (ce qui suppose trois sources).


L'empereur Auguste

Une nuit, Cicéron vit en songe un jeune homme inconnu qui lui fut présenté comme prédestiné par les dieux au pouvoir suprême. Le lendemain, il rencontra ce jeune homme, qu'il reconnut sur-le-champ. S'étant informé de son identité, on lui dit que c'était Octave, le neveu de César. Cicéron, qui pourtant s'était moqué des rêves prémonitoires dans son De Divinatione, en fut si frappé qu'il cultiva dès lors l'amitié d'Octave. Malheureusement pour lui, le rêve se révéla exact : au cours de la guerre civile, Octave sacrifia Cicéron à son ennemi Antoine, trahison qui, ajoutée à d'autres, permit à leur auteur de devenir le premier empereur romain sous le nom d'Auguste. Mais Cicéron était mort depuis longtemps… (extrait de Stevens et Moufang, Le mystère des rêves)

La révolution française de 1848



Émilie, fille du poète Gustave Schwab, connu surtout pour ses Plus belles Légendes de l'Antiquité classique, raconta, le matin du 24 février 1848, qu'elle venait de faire un rêve fort agité qui l'avait transportée au sein de Paris en révolution. Partout ce n'était que confusion et galopades, les pavés étaient arrachés, des barricades élevées. Elle voyait distinctement les rues étroites de Paris en effervescence, comme si elle y était réellement.



Ce rêve fut naturellement considéré comme une réminiscence de 1789, mais Émilie protesta en alléguant qu'elle ne s'était jamais intéressée à l'Histoire et que, du reste, son image de rêve portait toutes les marques de l'actualité.

L'assassinat du tsar Alexandre II

Le régime autocratique fut renforcé en Russie sous le tsar Alexandre II, bien que celui-ci eut aboli le servage. Le rêve suivant a été consigné par l'écrivain Marie Bauer, qui n'a jamais eu de contact quelconque avec la Russie. Elle raconte, dans les Normes du Dr Walter Bormanns :

« Une nuit de mars 1881, ma sœur se réveilla en m'entendant l'appeler à plusieurs reprises. Effrayée, elle me demanda ce que je voulais : « Je lui répondis en rêvant. Regarde donc le ciel, et tu comprendras. » Bientôt après, je me mis à pousser de tels gémissements, que ma sœur me réveilla, et je m'entendis prononcer :

-C'était terrible, effroyable !
-De quoi s'agit-il ? me demanda-t-elle. Mais j'avais tout oublié.

-Tu m'as appelée pour que je contemple le ciel, me dit ma sœur. Je commençais à me rappeler peu à peu la vision qui m'était apparue au-dessus de notre jardin. Dans mon rêve, je tâchais d'attirer ma sœur pour qu'elle aussi puisse contempler l'image. Mes yeux voyaient un homme imposant, vêtu d'un uniforme militaire. Je le voyais étendant le bras et soulevant le pied, comme lorsqu'on sort d'une voiture. Le décor m'était tout à fait inconnu. Je me demandais où la scène pouvait bien se passer. Je vis une bombe éclater et, quelques instants plus tard, l'homme en uniforme était étendu par terre avec son casque, mais sans pieds. Je me retournai horrifiée. Quand je contemplai de nouveau le ciel, la scène précédente avait disparu. Je voyais une gibet monstrueux qui étendait ses bras d'où pendaient, telles des chauves-souris, 8 à 10 hommes. Je parlais encore longtemps de mon rêve. Nous nous demandions quelle terrible nouvelle il annonçait. »


Les jours suivants, le télégraphe répandit en Europe la nouvelle de la mort du tsar, assassiné à Saint-Pétersbourg le 13 mars 1881. Le drame s'était déroulé exactement comme dans l'image du rêve. Les auteurs de l'attentat furent immédiatement pendus. Ce songe est un rêve divinatoire, télépathique, car l'image est apparue au moment de sa réalisation. Mais la deuxième partie, sinon la première, a un caractère prophétique. La dormeuse voit les auteurs de l'attentat pendus au gibet. Le rêve lui avait montré une scène imprévisible au moment de son évocation onirique, mais qui était la conséquence de l'assassinat. Le rêve ici est à la fois télépathique et prophétique, et sa vérité est évidente.

Le rêve de la mort du président Lincoln


Dans la plupart des rêves divinatoires prophétiques, il est question de mort, et souvent de la mort de la personne qui fait le rêve. Mais les personnes qui ont des visions prophétiques ne les racontent pas toujours avant leur réalisation. Ce n'est pas le cas pour le rêve que nous allons rapporter.

Ward Hill Lamon, ancien associé et ami du président Lincoln, écrit :
« Le fait le plus frappant de la vie de Lincoln fut un rêve qu'il fit quelques jours avant sa mort (Lincoln fut assassiné par J.W. Booth, sudiste fanatique). Lincoln attacha une grande importance à ce rêve prophétique qui lui révéla sa fin prochaine. Au bout de quelques jours, obsédé par ce songe, il ne put le garder plus longtemps secret. Je le transcris ici, en m'aidant des notes prises immédiatement après que le président l'eut raconté. Trois personnes seulement écoutèrent le récit.                       

Le président, qui paraissait sombre et pensif, dit lentement :
« -Il est curieux de voir combien la Bible s'intéresse aux rêves. 16 chapitres de l'Ancien Testament y sont consacrés, tandis que quatre ou cinq du Nouveau en parlent. Il y est aussi question de visions... Si nous croyons la Bible, nous devons accepter le fait que Dieu et son ange apparaissent à l'homme pendant son rêve et s'entretiennent avec lui. De nos jours, on se moque des rêves. Seules les vieilles femmes et les jeunes amoureux en parlent.

« Mme Lincoln lui dit alors :
« -Tu parais tellement sérieux, croirais-tu par hasard aux rêves ?
« -Je ne pourrais l'affirmer, mais j'ai eu, il y a quelque temps, un rêve qui ne cesse de m'obséder. Ce rêve m'engageait à ouvrir la Bible au chapitre 28 de la Genèse. J'y lus le merveilleux rêve de Jacob. Je feuilletais plus loin et partout où mes yeux tombaient, ils lisaient le récit d'un rêve ou d'une vision. Je continuais à tourner les pages, mais toujours mon regard tombait sur des annonciations de rêves et de visions.

« Lincoln paraissait si sérieux et si inquiet que sa femme s'écria.
« -Mais qu'y a-t-il ? Tu me fais peur !
« Regrettant de l'avoir effrayée, il lui dit :
« -Je crois que j'ai eu tort d'entamer ce chapitre. Mais j'ai été impressionné par un rêve qui m'obsède comme le spectre de Banco.

« Cette remarque augmenta la curiosité de Mrs. Lincoln qui, tout en prétendant ne pas ajouter foi aux rêves, poussa son mari à raconter celui qui l'avait tant impressionné. Après un moment d'hésitation, Lincoln commença le récit suivant :
« -Un soir, il y a 10 jours environ, je me couchai fort tard. Je m'endormis bientôt et commençai à rêver. Un silence de mort m'entourait. J'entendis soudain des sanglots, puis j'eus l'impression que je sortais du lit et descendais l'escalier. Le silence n'était rompu que par le bruit des sanglots. Je pénétrai dans chaque pièce et n'y rencontrai aucun être vivant. Mais où étaient donc tous ces désespérés ? J'étais inquiet. Résolu à trouver la clef de l'énigme, je continuais ma tournée jusqu'à la chambre de l'est, où j'entrai. Une surprise m'attendait. Je vis devant moi un mort exposé sur un catafalque et veillé par des soldats. La pièce était pleine de monde. Les uns  regardaient tristement le mort, dont la figure était cachée, les autres pleuraient.

« Je demandai à un des soldats :
« -Qui est mort à la Maison-Blanche ?
« -Le président, il a été assassiné !
« À ce moment, le désespoir de la foule devint si bruyant que je me réveillai. Je ne pus me rendormir cette nuit-là. Et, depuis, je suis inquiet, bien que ce ne soit là qu'un rêve.
« -C'est effroyable, dit Mrs. Lincoln. J'aurais préféré que tu ne nous aies jamais raconté ton rêve. N'en parlons plus et tâchons de l'oublier. »

Et Lamon poursuit : « Cette terrible vision correspondait à d'autres rêves et pressentiments du président et l'inquiétait profondément. Il essaya un moment d'en rire, mais termina son récit par ces mots :
« -Maintenant ne nous faisons plus de soucis ! Dieu agira en temps voulu et comme il lui plaira ! Il sait ce qui est juste.
« Il dit ces mots en soupirant et comme s'il se parlait a lui-même. Il avait oublié ma présence.

« Lincoln était d'humeur plus gaie, le jour de son assassinat. Il raconta, au cours d'un conseil, qu'il avait eu un rêve très encourageant, qui s'était reproduit plusieurs fois et où il était question de la victoire décisive des troupes nordistes. C'est pourquoi il attendait avec confiance la nouvelle de la capitulation du général Johnson. Ce rêve de bon augure montrait l'image d'un navire très endommagé que poursuivait la flotte nordiste. Lincoln vit aussi la fin d'une bataille et l'ennemi qui fuyait, tandis que l'armée unioniste enlevait un poste stratégique très important. Ces deux rêves effacèrent apparemment le souvenir de la vision terrible. »

Lamon note que Mrs. Lincoln s'écria lorsqu'elle apprit la mort tragique de son mari : « Son rêve était prophétique ! »
Comme dans son rêve, il fut exposé dans la chambre de l'est, et des soldats veillèrent son corps. Comme dans beaucoup de rêves prophétiques, nous trouvons ici des éléments télépathiques. Il suffit d'admettre que l'assassin ait, à son insu, transmis télépathiquement son projet criminel et que Lincoln l'ait capté pendant son sommeil pour s'expliquer l'origine du rêve. Mais il subsiste toujours un élément extraordinaire qui dépasse les sens et qui n'explique pas comment Lincoln a pu prévoir l'assassinat dans ses moindres détails.

Rêves prophétiques de la mort de Louis II


Louis II de Bavière est peut-être la personnalité qui, au XIXe siècle, excita le plus la curiosité populaire. Ses goûts artistiques, son amitié avec Richard Wagner, ses châteaux fastueux de Neuschwanstein, de Herrenchiemsee et de Lindenhof, et sa vie romantique lui valurent une grande popularité. Beaucoup ne crurent ni à sa folie ni à sa mort tragique, résultat d'un concours de circonstances qui le poussèrent au suicide. Il se noya avec son maître, le Dr Gudden, dans le Starnbergersee en 1886.

Nous ne pouvons douter du rêve que fit le Dr Gudden, la nuit qui précéda la tragédie. Il fut certifié par sa femme et le prince Philipp d'Eulenburg-Hertefeld à qui Gudden le raconta avant sa réalisation tragique. Nous reproduirons le récit textuel du prince d'Eulenburg qui le publia dans son ouvrage posthume, paru en 1934, sous le titre : Fin de Louis II, et autres événements.

Notons brièvement la version généralement adoptée des événements tragiques de 1886. Louis II aurait tenté de fuir le château de Berg où il était enfermé. Peut-être voulut-il s'évader à la nage au-delà de l'enceinte gardée. Cette version est renforcée par la présence d'un fiacre qu'on aurait aperçu hors du parc et qui repartit à vide après une longue attente. Il semblait avoir été commandé là pour aider à l'évasion du roi. Gudden, à qui l'on avait confié la vie du roi et qu'il considérait comme fou, n'hésita pas à suivre le souverain qui s'était jeté dans le lac. Il croyait que le roi voulait se suicider.

La position des corps, lorsqu'on les retrouva, prouve bien que les deux hommes s'étaient livrés dans l'eau à un violent corps à corps, mais avaient fini par se noyer. C'est là un fait établi.

Le Dr Bernhard Gudden, originaire de Clèves, était un spécialiste du cerveau et un psychiatre éminent. Il est à noter que le praticien affichait un grand scepticisme à l'égard de tout phénomène extra-sensoriel. Le rapport du prince d'Eulenburg n'est que plus intéressant. Voici ce qu'il écrit :

«… Gudden était encore sous la forte impression du rêve qui l'avait tourmenté dans la nuit du 12 au 13 juin. Il avait passé cette nuit dans sa maison de Munich, après être revenu de Schwanstein.

« Le lendemain matin, sa pâleur et son émoi inquiétèrent sa femme qui lui demanda ce qu'il avait. Il répondit : « J'ai eu un rêve idiot qui a troublé mon repos. Je luttais avec un homme dans l'eau, et ce combat était sans merci. »

« Je crois, poursuit Eulenburg, que Gudden renvoya le gendarme dans le parc du château, au bord du lac de Starnberg, ce qui provoqua la catastrophe. Il agit ainsi, effrayé par son rêve qui impressionnait ses amis. Ceux-ci croyaient y voir le signe du destin… »

Le gendarme fut le dernier à voir le roi vivant, marchant aux côtés de Gudden. Une heure plus tard se jouait, derrière le rideau d'arbres où ils avaient disparu, le dernier acte du drame qui bouleversa toute l'Europe et donna lieu à de nombreuses légendes.

Personne n'avait assisté aux derniers moments du roi et de son médecin. C'est ce qui explique le doute qui subsiste toujours quant au dénouement de la tragédie. Ce qui est certain, c'est que Gudden eut un rêve divinatoire qui se réalisa quelque heures plus tard. Le médecin n'était pas spécialement sensible aux songes. Peut-être tâcha-t-il de ne plus y penser. Mais le rêve, malgré tout, l'obsédait.

Ce songe, dévoilant une menace, impressionna profondément Gudden qui, doué d'un strict esprit scientifique précis, ne croyait pas jusque-là à la vérité révélée en songe.

Eulenburg fait cette remarque et ajoute : « Il haïssait la superstition et qualifiait d'absurde tout rapport humain avec l'au-delà. Il m'avait déclaré que, de par son expérience personnelle, il était convaincu que toutes les prétendues apparitions ou sensations surnaturelles ne sont que des formes de folie. »

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Louis II de Bavière

La conscience équilibrée de Gudden s'élevait donc contre la superstition ou la crainte. Ne serait-on pas tenté de croire alors qu'il prit son rêve pour le début de sa propre folie, ce qui était naturellement une crainte sans fondement ? Il ne pouvait se soustraire à la forte impression que lui avait laissée son rêve, même en le jugeant faussement de son point de vue sceptique. Dans le cadre de son univers, la télépathie et la prophétie n'avaient pas de place. S'il avait pris le rêve pour une menace réelle qu'il aurait pu éviter en agissant en conséquence, peut-être les événements auraient-ils pris une autre tournure. Mais il est inutile de se livrer à des suppositions, puisque le rêve divinatoire se réalisa point par point, la commission d'enquête ayant pu se convaincre qu'une lutte sans merci avait précédé la mort des deux hommes.

Nous ne pouvons omettre de citer un autre rêve, celui-ci de caractère télépathique, qui se rapporte à la mort du malheureux roi.

Celle qui eut ce rêve n'est autre que l'impératrice Élisabeth d'Autriche, cousine de Louis II. Le récit du songe nous a été transmis par une personne de l'entourage de l'impératrice dont le nom n'est pas cité. Nous n'avons malheureusement pas retrouvé la publication originale du rêve ; nous devons nous contenter ici d'informations très intéressantes publiées en 1921 par le « Zentralblatt für Okkultismus ». Ce rêve, qui, certes, n'offre pas toutes les garanties de véracité, est toutefois digne de créance et très intéressant. La dame d'honneur de l'impératrice Élisabeth écrit dans son livre, la Martyre sur le trône impérial :

« L'après-midi suivant, l'impératrice Élisabeth reçut la nouvelle de ce qui s'était passé. Circonstance extraordinaire, l'impératrice avait eu la nuit précédente un rêve qui est une nouvelle preuve de l'existence entre ciel et terre de choses qui dépassent nos connaissances ordinaires. À peine s'était-elle couchée et endormie qu'elle rêvait (au moment même où se jouait la tragédie de l'autre côté du lac) que son royal cousin se tenait à côté de son lit. L'eau ruisselait le long de ses vêtements et inondait le plancher de la chambre. Elle se réveilla en poussant un cri d'effroi, et, lorsque ses femmes, alarmées, accoururent, l'impératrice, pâle comme une morte, leur raconta le rêve qu'elle venait de faire. »

Cela se passait environ 18 heures avant que lui parvînt la nouvelle tragique. Il était 10 h et demie du soir lorsqu'on retrouva le corps du roi et du Dr Gudden, le 13 juin 1886. Si l'impératrice n'avait pas immédiatement raconté son rêve, on l'aurait certainement attribué à l'imagination. Le rêve semble donc avoir été perçu au même moment. En supposant la sincérité du rapport, il s'agirait ici d'une transmission télépathique, comme il s'en produit souvent chez ceux qui sont plus près de leur fin, pendant leur sommeil ou à l'état de veille.

Comme le rapport l'indique, le rêve fut perçu dès que l'impératrice se fut endormie, contrairement aux exemples que nous avons énumérés et qui, pour la plupart, sont des « rêves de l'aube ». Peut-être nous rappelons-nous mieux nos rêves dramatiques effrayants, parce qu'ils nous réveillent souvent. C'est ce qui se passa pour l'impératrice qui se réveilla en poussant un cri. Des rêves moins mouvementés nous réveillent rarement, et nous les oublions facilement.

L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand

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Voici maintenant l'un des rêves les plus impressionnants, car il a pour toile de fond la politique mondiale. Ce rêve a été fait par un haut dignitaire de l'Église. Jamais songe n'a posé le problème du « rêve divinatoire » comme celui de l'évêque von Lanyi, où l'élément symbolique semble se mélanger aux éléments télépathiques et prophétiques. Pour en comprendre les circonstances, il faut rappeler brièvement les faits qui précédèrent la guerre de 1914. Depuis que l'Autriche avait annexé, en 1908, la Bosnie et l'Herzégovine, la Serbie était devenue son ennemie. Celle-ci, après la guerre balkanique (1912-13), jouissait d'une hégémonie dans les Balkans. L'Autriche était aux prises avec le problème insoluble des nationalités. L'Europe était partagée en deux blocs hostiles. La tension était telle qu'une guerre semblait inévitable.

Le voyage de l'héritier François-Ferdinand, depuis longtemps projeté, était d'autant plus risqué que le gouvernement serbe, qui ne pouvait ni ne voulait freiner l'ardeur de ses nationalistes, avait envoyé un avertissement à Vienne. Le 28 juin 1914, jour projeté pour la visite, était jour de fête nationale pour la Serbie, de sorte que personne ne pouvait garantir le déroulement normal de la journée. Malgré les menaces d'attentat, un esprit critique ne pouvait réellement prévoir un malheur. Mais nombreux furent ceux qui craignirent des troubles.

Le Dr Lanyi, évêque de Grosswardein (Nagyvarad), avait enseigné la langue hongroise à l'archiduc et, depuis, était resté son ami. Le voyage de François-Ferdinand l'intéressait donc tout spécialement. Mais ces circonstances ne devaient pas nécessairement provoquer un rêve comme celui qu'il eut le jour fatal. Ce rêve était d'une telle intensité qu'il réveilla l'évêque. Voici sa déclaration écrite :

« Le 28 juin 1914 au matin, je fus réveillé par un songe terrible. Je rêvais que je dépouillais mon courrier, placé sur mon bureau. Tout au-dessus de la pile, je vois une lettre bordée et cachetée de noir, portant les armes de l'archiduc. Je reconnais aussitôt son écriture et je décachette le pli. Je vois alors, sur le feuillet bleu ciel, une image représentant une rue et une impasse. Les Altesses sont assises dans une auto en face d'un général. Un officier se tient à côté du chauffeur. Une foule emplit la rue. Deux hommes s'en détachent et font feu sur l'archiduc et sur sa femme.

« Le texte que voici reproduit littéralement celui que j'ai lu en rêve : " Votre Grâce épiscopale ! Cher Dr Lanyi ! Par la présente, je vous annonce que je tomberai aujourd'hui, avec ma femme, victime d'un assassinat politique. Nous vous recommandons à vos pieuses prières et vous prions de conserver votre amitié à nos pauvres enfants. Les salutations affectueuses de votre archiduc, Franz, Sarajevo, 28 juin 1914, 3 h 30 du matin."

« Réveillé par l'intensité du songe, tremblant et pleurant, je me mis devant mon bureau et fixai la relation exacte de mon rêve. Il était trois heures et demie du matin. En écrivant, je retrouvais même à la forme graphique de certaines lettres tracées par l'archiduc. »

Ce rêve impressionna profondément l'évêque. Lorsque son valet de chambre vint comme chaque matin le réveiller, l'homme fut frappé par la pâleur maladive de son maître. L'évêque fit appeler sa mère et son invitée, Mlle S., et leur présenta immédiatement son rêve ; puis il dit une messe à l'intention de l'archiduc et de sa femme dans la chapelle du palais. L'évêque fut accablé d'inquiétude pendant les heures qui suivirent. Douze heures exactement après le rêve, la nouvelle tragique parvint de Vienne.

L'évêque Lanyi avait déjà raconté son rêve à trois personnes avant sa réalisation. Le père jésuite professeur Eduard Lanyi, de Fünfkirchen, frère de l'évêque, le confirma plus tard par écrit. Par la suite, le rêve fut raconté et connu par de nombreuses personnes. Le père Lanyi obtint à Tyrnau, en 1916, une copie écrite de la relation du rêve.

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L'évêque le raconta lui-même quelques jours après le 28 juin 1914, à un père Fischer et au supérieur de l'abbaye bénédictine de Melk. Comme le précisa le père Puntigam, de Sarajevo, qui tout comme Lanyi, se rendit à Vienne après l'attentat, l'évêque raconta son rêve aux archiduchesses Marie-Thérèse et Marie-Annunziata, encore avant l'enterrement.

Le Pr Donnat, de la faculté d'Innsbruck, obtint la relation écrite du rêve et la transmit au père Puntigam, à Sarajevo. Celui-ci la publia pendant la Première Guerre mondiale dans un périodique qu'il éditait, Balkan Stimmen (Voix des Balkans). Il fut copié et publié par la presse et de nombreux périodiques, et il s'ensuivit une correspondance qui importuna l'évêque.

Il ne manqua pas, naturellement, de sceptiques pour mettre en doute l'authenticité du rêve. Deux savants prirent alors à cœur d'étudier de près le phénomène : ce sont le Dr en théologie Ludwig, Pr à l'École supérieure de Freisinger, mort depuis et qui signait ses articles « Clericus », et le rédacteur-auteur Bruno Grabinski, qui demeure actuellement* à Fribourg-en-Brisgau.

Le Pr Ludwig publia dans les Psychischen Studien un document détaillé, qui contenait la lettre mentionnée par le père Lanyi. De son côté, Bruno Grabinski, publia deux articles : le Surnaturel pendant la guerre mondiale et Nouvelle mystique. Il y était question de la garantie des preuves. La mère de l'évêque était morte, donc ne pouvait plus attester. Le valet de chambre vivait encore à Grosswardein, et Mlle S., dont le nom nous est inconnu, demeurait à Vienne. Malheureusement, aucune des deux personnes ne fit de déclaration relative au rêve que leur aurait raconté l'évêque à son réveil le 28 juin 1914. Mais le fait accompli semble néanmoins indiscutable, on ne peut douter de l'authenticité des preuves fournies, tant par la relation écrite de l'évêque lui-même, que par celle du père Puntigam.

Ce rêve soulève plusieurs questions qu'on ne parviendra à comprendre un peu qu'en comparant le rêve à l'événement réel. D'après le songe, deux hommes se détachent de la foule et tirent sur les occupants de l'auto. L'évêque voit donc un seul attentat. En réalité, il y en eut deux. L'un commis par le conjuré Gabrilowitch, le 28 juin 1914, peu après 10 heures du matin, à Sarajevo. Il lança une bombe, n'atteignant que superficiellement, l'auto de l'archiduc qui se rendait à la cérémonie de l'hôtel de ville. Cela se passait dans l'Appelkaï. Au retour, l'auto s'arrêta un moment, non loin de l'hôtel de ville, par suite d'une mauvaise manœuvre du chauffeur. C'est à ce moment que Printsip tira et blessa mortellement l'archiduc et sa femme.

La vision onirique a donc réuni en un seul les deux attentats réels, sans pour cela altérer la vérité finale.

La position de François-Ferdinand et de son épouse, assis en face d'un général, et la présence d'un officier à côté du chauffeur concordaient en tous points avec la réalité. L'officier était le comte Harrach, et le général, le commandant de la place, Potiorek. Lors du premier attentat, ils étaient placés dans l'auto comme sur l'image du rêve. Au cours du deuxième, le comte Harrach se tenait sur le marchepied. Cette petite divergence n'est pas essentielle. L'image du rêve figurait une rue et une impasse grouillant de monde, comme dans la réalité. La rue conduisant à l'hôtel de ville était large et l'Appelkaï très étroite. L'attentat fut commis à leur point de rencontre.

Le contenu de la lettre lue en rêve est la prédiction exacte de ce qui arriva. La forme sous laquelle se présente le rêve est très particulière : une lettre que l'évêque reçoit de l'archiduc, symbole conforme au langage onirique. Le texte de la lettre confirme en détail ce que l'image reproduit. Il prophétise le double assassinat. On ferait donc fausse route en voulant ranger ce rêve parmi les songes télépathiques. On doit bien plus y voir une vraie image prophétique qui décrit exactement un événement tragique et tous les détails qui s'y rapportent, avant leur réalisation.

Bien qu'admettant réellement l'existence du rêve prophétique, la parapsychologie actuelle n'est pas en mesure de l'expliquer (dans les années 1960). (source : paranormaletsupranaturel)